"L'armée turque et l'Armée syrienne libre reprennent le contrôle d'Afrine pas à pas (…) Cette opération va se poursuivre jusqu'à l'élimination du dernier membre de cette organisation terroriste", a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara.
M. Erdogan parlait avant un entretien téléphonique prévu en début de soirée avec M. Trump qui devrait lui faire part de sa préoccupation face à l'offensive d'Afrine, selon des responsables américains parlant sous couvert d'anonymat.
Cette offensive d'Ankara, menée contre la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG), risque en effet de nuire à la lutte contre l'EI en Syrie, ont-ils estimé.
Depuis le début, samedi, de l'attaque sur Afrine, les Etats-Unis s'étaient contentés d'adresser des appels à la "retenue" à la Turquie, mais semblent hausser le ton depuis mardi en mettant en garde contre les risques de déstabilisation d'une zone relativement épargnée par le conflit syrien.
Visée par cette offensive, qui est entrée mercredi dans son cinquième jour avec de nouvelles frappes aériennes turques, la milice YPG est considérée comme "terroriste" par Ankara, mais est le fer de lance sur le terrain en Syrie de la lutte menée par une coalition internationale conduite par Washington contre le groupe Etat islamique (EI).
Combats âpres
S'estimant lâchées par leur allié américain, les YPG ont multiplié les appels Washington à faire pression sur Ankara pour stopper l'offensive.
M. Erdogan a de nouveau violemment chargé mercredi les YPG, les qualifiant de "complices de la croisade postmoderne dont est victime notre région".
Dans une interview à CNN, le porte-parole de la présidence turque Ibrahim Kalin a pour sa par appelé Washington à "reprendre toutes les armes fournies aux YPG au cours des deux dernières années".
Les frappes turques de mercredi se sont concentrées sur les zones frontalières, dans le nord-ouest et le nord-est de la région d'Afrine "dans l'objectif de faire reculer les YPG et d'ouvrir la voie à une avancée terrestre", selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.
Il a affirmé que les forces turques et les rebelles pro-Ankara avaient peu avancé dans la région d'Afrine depuis le début de l'attaque.
"Dès qu'il y a une avancée et la conquête d'un village, il y a automatiquement une contre-offensive des Kurdes qui reprennent le contrôle de ce village", a-t-il dit.
Renforts à la frontière
Une correspondante de l'AFP présente dans la localité frontalière de Kirikhan dans le sud de la Turquie a vu mercredi matin une colonne de chars et des centaines de soldats turcs s'apprêtant à entrer en Syrie. Des détonations de tirs d'artillerie dans la région d'Afrine pouvaient être entendues.
Depuis samedi, plus de 80 combattants des YPG et des groupes rebelles syriens pro-Ankara ont été tués, ainsi que 28 civils, la plupart dans des bombardements turcs, selon l'OSDH. Ankara dément avoir touché des civils.
Trois soldats turcs ont également été tués, selon Ankara, qui affirme pour sa part avoir éliminé plus de 260 "terroristes".
Depuis le début de l'opération, au moins deux civils ont en outre été tués dans des tirs de roquettes contre des villes frontalières turques.
La Turquie a lancé son opération après l'annonce par la coalition internationale antijihadistes de la création d'une force frontalière de 30.000 hommes dans le nord syrien, avec notamment des combattants des YPG.
Cette annoncé a suscité l'ire d'Ankara qui accuse les YPG d'être la branche en Syrie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui mène une sanglante guérilla sur le sol turc depuis 1984.
Dans son discours, M. Erdogan a affirmé que l'armée turque comptait aussi à terme lancer une opération pour déloger les YPG de Minbej, ville à une centaine de kilomètres à l'est d'Afrine où des forces américaines sont présentes aux côtés des miliciens kurdes.
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