Après une centaine d'auditions avec des acteurs du secteur (syndicats, profs, parents d'élèves...), cet homme classé à gauche, ancien directeur de Sciences-Po Lille, a été chargé par le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer de réfléchir à une réforme du sacro-saint bac, applicable pour la session de 2021.
Jusqu'ici, les tentatives ont toutes échoué, malgré les critiques dont cet examen emblématique est régulièrement la cible.
"Il semble que c'est plutôt dans l'air du temps de penser que le lycée et le bac doivent évoluer", avançait M. Mathiot il y a quelques jours.
Mercredi, il va détailler les propositions de ce rapport, dont l'encre est à peine sèche. Reste à savoir ce qu'en retiendra le ministre quand il présentera sa réforme, à la mi-février.
Au programme notamment: la suppression des séries L (littéraire), ES (économique et social) et S (scientifique) du bac général, qui seraient remplacées par un tronc commun et des enseignements de spécialisation. Les élèves choisiraient deux disciplines "majeures" dans un menu de neuf ou dix combinaisons possibles (par exemple maths/sciences économiques ou lettres/langues) et deux disciplines "mineures". S'ajouteraient des enseignements facultatifs.
L'année scolaire ne serait plus divisée en trimestres mais en semestres, comme à la fac.
Conformément à la promesse d'Emmanuel Macron, le bac serait "resserré" avec six épreuves nationales: les deux épreuves de français en Première (l'écrit et l'oral) et quatre épreuves en Terminale. Les lycéens en passeraient deux au printemps, suffisamment tôt pour que les résultats soient intégrés dans la plateforme d'admission post-bac Parcoursup.
Grand oral
Serait maintenue en fin de Terminale l'épreuve de philosophie. Grande nouveauté: un grand oral comptant pour 15% de la note finale sanctionnerait la fin du bac. Cet oral pourrait, selon plusieurs sources, porter sur des matières interdisciplinaires, par exemple une majeure et une mineure. Il pourrait être préparé de manière collective, même si l'épreuve resterait individuelle. Deux professeurs du lycée des candidats et une personne extérieure le feraient passer.
"Les compétences orales sont importantes pour la réussite dans l'enseignement supérieure et l'insertion professionnelle", approuve Claire Krepper, du syndicat SE-Unsa. "Mais il faudra que les enseignants aient vraiment du temps pour préparer les élèves à cet oral en amont", prévient-elle.
Dans le détail, les épreuves du printemps et du mois de juin (la philosophie et l'oral) compteraient pour 60% de la note finale, le reste étant évalué par un contrôle continu, dont les modalités ne sont pas arrêtées.
Pierre Mathiot pourrait ainsi préconiser des "partiels" à la fin de chaque semestre, à partir de la classe de Première, ainsi que des évaluations régulières pendant l'année, dont les notes entreraient dans la moyenne du bac.
Fini le rattrapage auquel étaient convoqués les élèves ayant obtenu moins de 10 sur 20 mais au moins 8 de moyenne. Ce serait désormais l'examen de leurs livrets scolaires qui déterminerait leur réussite ou non à l'examen.
M. Mathiot espère que certaines de ses pistes seront "prises en compte", même s'il sait qu'il ne fera pas l'unanimité. "Il ne faut pas sous-estimer la difficulté de faire bouger une institution napoléonienne", reconnaît-il.
Ce bac nouvelle formule doit s'appliquer en 2021, avec des répercussions sur la classe de Seconde dès la rentrée prochaine, puis la classe de Première en 2019 et de Terminale en 2020.
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