Cet homme de 31 ans comparaît pour "recel de malfaiteurs terroristes". Il a fourni l'appartement où Abdelhamid Abaaoud et son complice Chakib Akrouh s'étaient repliés, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près de Paris.
"Jawad", comme l'ont appelé des millions de Français, est devenu célèbre dans une France traumatisée, dans les jours suivant les attaques qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. C'est "celui dont on a ri après avoir trop pleuré", a résumé son avocat Xavier Nogueras.
Le 18 novembre 2015, au petit matin, il était filmé à quelques dizaines de mètres d'un immeuble de Saint-Denis pris d'assaut par le Raid. "Je n'étais pas au courant que c'était des terroristes", affirmait-il à BFMTV, en racontant que c'était son appartement qui était visé par les policiers. "On m'a dit d'héberger deux personnes pendant trois jours. J'ai rendu service", expliquait-il encore dans cette vidéo qui allait devenir virale et faire l'objet de multiples parodies.
Il a été interpellé devant les journalistes et mis en examen six jours plus tard, notamment pour "association de malfaiteurs terroriste criminelle en vue de commettre une action violente".
Délinquant multirécidiviste
Mais Jawad Bendaoud a échappé aux assises: les juges d'instruction ont finalement estimé que s'il savait qu'il hébergeait certains auteurs des attentats parisiens, il n'avait pas connaissance de leur projet d'attaques futures. Abaaoud et son complice comptaient en effet se faire exploser, le 18 ou le 19 novembre, dans le quartier de La Défense près de Paris, selon le procureur de la République de Paris, François Molins.
Que savait précisément Jawad Bendaoud? Cette question sera au centre du procès. Depuis son arrestation, le logeur présumé n'a cessé de clamer son innocence. "Je n'ai jamais parlé de ma vie avec un membre d'une cellule terroriste, je n'ai rien à voir avec les attentats ni de loin ni de près", écrivait-il aux magistrats en mars 2016, expliquant avoir "consommé de la coke et du shit en quantité" ce jour-là.
Depuis son arrestation, il a comparu à trois reprises devant le tribunal de Bobigny: pour avoir mis le feu à sa cellule, pour trafic de cocaïne et pour avoir insulté et menacé de mort des policiers. Des audiences agitées, Jawad Bendaoud, à bout de nerfs, laissant éclater sa colère au tribunal.
Le 30 octobre, il a été expulsé d'une audience de procédure devant le tribunal de Paris. "C'est moi, la victime!", a-t-il protesté. "Ca fait deux ans que je suis incarcéré pour rien du tout, vous avez fait de moi un coupable, j'étais au courant de rien!".
Jawad Bendaoud, un délinquant multirécidiviste, encourt six ans de prison. Il avait déjà purgé huit ans de prison, notamment pour coups mortels, avant les attentats du 13 novembre.
Un de ses proches, Mohamed Soumah, lui aussi en détention provisoire, et Youssef Aïtboulahcen - un frère d'Hasna Aïtboulahcen, décédée lors de l'assaut policier du 18 novembre 2015 contre l'appartement -, sous contrôle judiciaire, seront jugés à ses côtés.
Les juges d'instruction ont renvoyé le premier devant le tribunal pour "recel de malfaiteurs terroristes" et le second pour "non dénonciation de crime terroriste".
Le procès doit durer trois semaines, jusqu'au 14 février. Cette durée s'explique notamment par le grand nombre de parties civiles. Entre 300 et 350 parties civiles souhaitent se constituer, a indiqué le tribunal. Il y a parmi elles des victimes des attaques du 13 novembre, mais aussi la ville de Saint-Denis qui veut obtenir réparation du préjudice financier et moral.
A LIRE AUSSI.
A Bobigny, Jawad Bendaoud écope de huit mois de prison et d'une garde à vue
Attaque du Thalys: un nouveau suspect lié au jihadiste Abaaoud réclamé par la justice française
13-novembre: le "logeur" Jawad Bendaoud écope d'une obligation de soins
Vendredi 13 novembre, 21H20: la France plonge dans l'horreur
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.