Le musée a été inauguré ce lundi 22 janvier, date du 55ème anniversaire du traité de coopération et d'amitié entre la France et l'Allemagne, en présence d'officiels allemands, belges, américains et canadiens.
"La particularité du musée est de présenter l'histoire franco-allemande comme fil conducteur (...) à travers un parcours en boucle et chronologique, de l'avènement de Napoléon III en 1852 à la capitulation du Japon en 1945", explique Marie-France Devouge, responsable de ce musée situé dans un village au sud du département.
Semi-enterré, camouflé par la verdure et surmonté par trois rangées de fils barbelés rappelant les tranchées, il se déploie sur 5.000 m2 entre parcours muséal, centre de documentation et atrium à vocations multiples, invitant le visiteur replonger dans le passé.
Haute de 10 m, une façade vitrée est occultée par des photos d'archives : le visage de Pétain, celui de De Gaulle, Hitler en visite à Paris, les plages de Dunkerque, un homme qui pleure la défaite française...
Derrière ces moments-clés, le musée place la mémoire nationale à l'échelle ardennaise, de la bataille de Sedan à la vie à l'arrière, sans oublier l'Occupation et ses conséquences sur les civils.
"Les Ardennes ont été touchées par les conflits contemporains: 1870, 14-18, 39-45, c'est une terre frontalière, donc soumise aux invasions", rappelle-t-elle, précisant que la muséographie "insiste sur l'histoire ardennaise".
Tranchée reconstituée
Une collection de plus de 14.000 objets, 135 uniformes et près de 500 armes composent les vitrines de la Galerie du temps, pièce maîtresse de la muséographie qui compte aussi une cinquantaine d'engins lourds employés pendant les deux conflits mondiaux.
Chaque guerre, amorcée par une mise en contextualisation de l'époque, présente ses soldats, son arsenal militaire et un décor animé par "de gros dispositifs audiovisuels", à l'image de 14-18 où "dans une tranchée reconstituée, des soldats vont apparaître par le jeu d'un théâtre d'ombres", retrace Mme Devouge.
"Le musée s'adresse aussi bien à quelqu'un qui découvre l'histoire qu'à ceux qui désirent replonger dans cet univers. Nous voulons aussi en faire une porte d'entrée à partir de laquelle on peut aller visiter d'autres sites liés au tourisme mémoriel dans les Ardennes", souligne Yann Dugard, l'élu référent du musée au Conseil départemental des Ardennes, propriétaire et gérant du lieu.
"Un important travail de récupération a été entrepris pour avoir des collections de qualité, et nous sommes sur des originaux partout", ajoute-t-il.
En cheminant vers la Seconde Guerre mondiale, marquée dans les Ardennes par la percée de Sedan le 13 mai 1940, le visiteur tombe nez-à-nez avec le buste en bronze du Führer, une pièce rare prêtée par l'Allemagne.
Dans l'espace dédié à la résistance et à la déportation, un film montre l'itinéraire tragique d'une Ardennaise de 11 ans, "condensé de l'histoire et de la persécution des Juifs", raflée en 1944 puis déportée dans le camp d'extermination d'Auschwitz, explique Mme Devouge.
"Ce n'est pas une histoire, c'est notre histoire qui est présentée ici", résume-t-elle, puisqu'au-delà du devoir de mémoire, le musée interpelle le public sur la paix, matérialisée par l'amitié franco-allemande et la construction européenne.
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