La Garde des Sceaux Nicole Belloubet a annoncé dans la nuit qu'elle recevrait lundi les organisations syndicales après le rejet des propositions du gouvernement, dans un climat de tension alimenté par des agressions à répétition.
"La ministre de la Justice souhaite reprendre immédiatement le dialogue. C'est la raison pour laquelle elle recevra, dès ce jour, l'ensemble des organisations syndicales représentatives", a indiqué un communiqué de ministère. Quelques heures avant le début de l'appel au blocage dans les 188 prisons du pays, la ministre a aussi appelé "à la responsabilité de chacun afin que la sécurité et le fonctionnement des établissements pénitentiaires soient assurés".
Dimanche soir, un détenu s'en est une nouvelle fois pris à des gardiens, à Longuenesse (Pas-de-Calais). Il les a agressés avec un pied de table en fer et les a blessés aux bras, ont indiqué l'administration pénitentiaire et le syndicat majoritaire Ufap-Unsa.
Le syndicat FO a appelé les gardiens de Longuenesse à "ne pas prendre les clés" lundi matin, c'est-à-dire à ne pas prendre le travail et à laisser les forces de l'ordre prendre le relais.
Ces agressions à répétition alimentent la colère des gardiens de prison qui jugent leur profession dangereuse, mal payée et mal considérée. C'est l'agression de surveillants par un détenu jihadiste à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) le 11 janvier qui a mis le feu aux poudres.
La semaine dernière, parallèlement à la mobilisation des gardiens dans toute la France, l'Ufap-Unsa (40%) et la CGT-Pénitentiaire (environ 15%) ont participé à des négociations avec le gouvernement, mais elles ont refusé samedi de signer le "projet d'accord" qui en est sorti.
"Les personnels sont fatigués et furieux. Le mouvement sera dur lundi et ne s'arrêtera pas si le gouvernement ne propose que des mesurettes", a prévenu le secrétaire général de la CGT-Pénitentiaire, Christopher Dorangeville, dimanche.
FO-Pénitentiaire, qui ne s'est pas assis à la table des discussions avec le gouvernement, a appelé à "amplifier la pression" pour faire notamment entendre des revendications salariales.
La CGT et FO ont prévenu que le mouvement de blocage des prisons était reconductible "jusqu'à ce que le gouvernement entende (leurs) revendications".
'Mesures concrètes'
L'Ufap-Unsa et la CGT estiment que les propositions du gouvernement contenus dans le "projet d'accord" sont "bien en deçà des attentes des collègues mobilisés" notamment concernant les indemnités et le statut des 28.000 surveillants. Ils jugent aussi insuffisantes la proposition de 1.100 créations de postes sur quatre ans.
Dimanche, la ministre de la Justice Nicole Belloubet avait pris "acte du refus" de signer le texte pourtant négocié avec le gouvernement durant la semaine sur la base d'une plateforme commune de revendications.
La garde des Sceaux relevait les "mesures concrètes pour renforcer la sécurité des personnels et des moyens" apportés par ce texte, citant la création d'emplois et une prise en charge spécifique des détenus radicalisés.
Les trois principaux syndicats demandent des revalorisations: soit indemnitaires (pour l'Ufap), avec une revalorisation des primes de nuit ou de pénibilité, soit statutaires (pour FO et la CGT), avec le passage pour les agents de la pénitentiaire de la catégorie C à la catégorie B.
Dimanche, la mobilisation s'est poursuivie au ralenti.
Les prisons de Borgo (Haute-Corse), où des gardiens ont été agressés vendredi, et celle de Gradignan (Gironde) étaient totalement bloquées et des retards à la prise de service ont été observés dans plusieurs prisons, selon une source syndicale et l'administration pénitentiaire.
burs-gde/blb/dar
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