L'ex-directeur de Sciences Po Lille Pierre Mathiot, classé à gauche, a été mandaté pour réfléchir à la refonte de cet examen bicentenaire. Après plus de cent auditions de syndicats d'enseignants, fédérations de parents d'élèves ou associations des professeurs, il va livrer ses pistes, qu'il espère "les plus réalistes possibles".
Plusieurs d'entre elles ont déjà fuité. M. Mathiot devrait ainsi préconiser que l'année scolaire ne soit plus découpée en trimestres mais en semestres, selon plusieurs syndicats auditionnés.
Les séries (L, ES et S) du bac général seraient supprimées et remplacées par un parcours par modules.
Les élèves suivraient des enseignements de tronc commun et des enseignements de spécialisation, dont deux disciplines "majeures" à choisir dans un menu de neuf ou dix combinaisons possibles (par exemple maths/sciences économiques ou lettres/langues) et deux disciplines "mineures". S'ajouteraient des enseignements facultatifs, comme les langues anciennes.
"Les élèves devraient pouvoir changer de majeure à la fin de la classe de première, et de mineure à la fin de chaque semestre", avance Claire Guéville, du Snes-FSU, qui redoute une "formation zapping".
Conformément à la promesse d'Emmanuel Macron, le bac serait "resserré" avec six épreuves nationales: les deux épreuves de français en première (l'écrit et l'oral) et quatre épreuves en terminale. Les lycéens en passeraient deux au printemps, suffisamment tôt pour que les résultats soient intégrés dans la plateforme d'admission post-bac Parcoursup.
"Dans la réforme que je vais proposer, au moins les deux-tiers des notes et résultats des élèves seront connus pendant la procédure Parcoursup", indiquait récemment Pierre Mathiot.
Seraient maintenus en fin de Terminale l'épreuve de philosophie et un oral portant sur un projet interdisciplinaire. Les autres matières seraient évaluées sous forme d'un contrôle continu.
QCM et fiches de synthèse
M. Mathiot pourrait préconiser des "partielles" à la fin de chaque semestre, à partir de la classe de première. Les notes des élèves obtenues lors des évaluations régulières pendant l'année pourraient aussi entrer dans la moyenne du bac, mais à un petit niveau (à hauteur de 10%).
La fin des oraux de rattrapage du bac sera, elle, recommandée à coup sûr, au profit de l'examen des livrets scolaires.
Ce sera ensuite au ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer de trancher, sans doute vers la mi-février, après une nouvelle série de consultations avec les organisations syndicales.
Le calendrier est serré: la réforme sera annoncée vers la mi-février et si le bac nouvelle formule est prévu en 2021, il y aura des répercussions sur la classe de seconde dès la rentrée prochaine.
Pierre Mathiot devrait aussi proposer que les élèves soient testés sur différents types d'épreuves, comme des QCM ou des fiches de synthèse. "Ce serait bien qu'ils puissent être évalués sur une palette de compétences plus importantes qu'aujourd'hui", confiait-il récemment à l'AFP.
Il insistera sans doute également sur la nécessité de créer des "parcours personnalisés et accompagnés".
Jusqu'ici, les tentatives de réforme du bac ont toutes échoué, malgré les critiques dont cet examen emblématique est la cible.
S'il assure vouloir faire des propositions ayant une chance d'être mises en œuvre, Pierre Mathiot est conscient que certaines pourraient décevoir. "Les représentants des différentes disciplines ont des positions radicalement différentes", admet-il.
L'association des professeurs de philosophie redoute par exemple "l'hypothèse d'un horaire de philosophie en classe terminale inférieur à 4 heures pour tous les élèves". Les profs de Sciences et vie de la Terre ont, eux, lancé une pétition s'inquiétant de l'absence d'une majeure qui lierait la SVT et la physique chimie.
"On espère que la réforme ne conduira pas à des suppressions de postes, sachant que les conditions de travail au lycée sont déjà difficiles", prévient pour sa part Claire Krepper, secrétaire nationale du SE-Unsa.
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