L'Europe est aussi dans l'expectative. Vendredi à Paris, la chancelière allemande et le président français Emmanuel Macron ont ainsi insisté sur l'importance d'une Allemagne en ordre de marche pour réformer l'UE.
Les 600 délégués du congrès du SPD, réunis à Bonn, doivent accepter ou rejeter le résultat de discussions préliminaires avec les conservateurs, qui ont abouti la semaine dernière à une ébauche de programme commun avec la CDU de Mme Merkel et ses alliés bavarois (CSU).
Un vote favorable dimanche après-midi conduirait à de nouvelles négociations pour former un gouvernement aux alentours de Pâques.
Mais un "non" mettrait l'Allemagne dans situation inédite. Angela Merkel devrait alors faire le choix de tenter de former un gouvernement minoritaire, ou se résoudre à des élections législatives anticipées à hauts risques pour elle.
La chancelière a refusé jusqu'ici ces deux options, des élections laissant notamment craindre une nouvelle poussée de l'extrême droite, alors que les quelque 13% recueillis en septembre par l'AfD, un score historique, ont déjà morcelé la chambre des députés et compliqué la quête d'une majorité.
Bien que laminé aux législatives (20,5%) et en chute dans les sondages depuis, le SPD est profondément divisé face à la perspective de reconduire la grande coalition ou "GroKo" sortante avec Angela Merkel.
#NoGroKo
Dans l'esprit du chef du parti Martin Schulz et de la plupart des autres dirigeants, il s'agit d'éviter à l'Allemagne une crise gouvernementale prolongée et, par ricochet, à l'Union européenne une paralysie mortifère à l'heure où des réformes clés en matière économique, budgétaire et migratoire doivent être négociées.
Pour M. Schulz, il s'agit aussi d'éviter des élections anticipées lors desquelles les "électeurs puniront" ceux qui ont été incapables de former un gouvernement.
A l'inverse, une partie de sa base juge que les sociaux-démocrates ont besoin de se ressourcer dans l'opposition et d'un virage à gauche pour survivre. Selon eux, seule Mme Merkel a profité de l'expérience gouvernementale commune, alors même que certaines des réformes les plus populaires, comme l'introduction d'un salaire minimum, ont été portées par le SPD.
Ces militants qui se retrouvent sous la bannière #NoGroKo, emmenés notamment par le chef des jeunes du parti Kevin Kühnert, estiment aussi que trop de concessions ont été faites aux conservateurs lors des pourparlers préliminaires de janvier, notamment sur la fiscalité, la santé et l'immigration.
Dans des votes symboliques, les fédérations SPD de Saxe-Anhalt et de Berlin ont rejeté cette semaine le projet de coalition.
Pour de nombreux sociaux-démocrates, une alliance serait d'autant plus amère que le soir de la défaite aux législatives Martin Schulz avait promis mordicus une cure de jouvence dans l'opposition.
"L'ambiance est à la controverse au SPD", résume Kevin Kühnert, tandis que la cheffe des sociaux-démocrates de Bavière, Natascha Kohnen, prédit un vote "serré" dimanche.
Martin Schulz a, lui, lancé vendredi un appel à ses militants à l'issue d'une semaine en tournée.
Fin de l'ère Merkel
Le congrès du SPD "a une importance énorme pour l'avenir de l'Allemagne (...) pour l'Europe", a-t-il écrit dans un courrier aux militants, "je suis convaincu que cela vaut la peine d'ouvrir des négociations de coalition avec la CDU et la CSU" bavaroise.
Angela Merkel a aussi martelé cette semaine que les sociaux-démocrates se devaient de prendre "une décision responsable" car l'Allemagne et l'Europe ont "besoin d'un gouvernement stable".
Pour autant, un vote positif dimanche ne signifiera pas la fin de l'imbroglio gouvernemental. En effet, le SPD soumettra le résultat des éventuelles futures négociations à ses militants.
Pour de nombreux observateurs, ces difficultés à composer son quatrième gouvernement illustrent le crépuscule d'Angela Merkel après plus d'une décennie d'un pouvoir inoxydable.
En cas d'alliance, "Merkel et Schulz gouverneront mais sans inspiration. Cette grande coalition symbolisera le début de la fin d'une ère, et pas vraiment le lancement d'une nouvelle", analyse un centre de réflexion, le Conseil européen des relations internationales.
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