Samedi, l'infatigable pape François s'envolera pour Trujillo, à 560 kilomètres au nord de Lima, où il doit célébrer sa première messe en plein air au Pérou.
Il a choisi une plage pouvant accueillir 500.000 fidèles, dans la ville historique de Huanchaco, un paradis des surfeurs où s'alignent aussi les "caballitos de totora", des embarcations traditionnelles de pêcheurs en forme de canoe.
Après la célébration de la messe, le pape argentin se rendra dans le quartier "Buenos Aires", au sud de Trujillo, durement touché par des inondations en avril 2017.
En 2017, les intempéries, inondations et glissements de terrain ont provoqué la mort de 133 personnes au Pérou sur les quatre premiers mois.
Dans cette ville, il présidera aussi une cérémonie mariale, en hommage à la "Vierge à la Porte", sur une place en présence de quelque 35.000 fidèles. Et il s'exprimera aussi devant des prêtres et religieux du nord du pays.
Incursion en plein coeur de l'Amazonie pour aller soutenir les peuples autochtones, puis rencontre avec les autorités politiques du pays à Lima étaient au menu de vendredi.
Mais sa journée était aussi une occasion de parcourir la capitale en "papamobile" et saluer des foules enthousiastes, contrastant avec la distance des Chiliens très focalisés sur les scandales de pédophilie au sein de l'Eglise.
Après cette journée menée tambour battant et un pneu crevé sur la route, François est encore apparu vers neuf heures du soir au balcon de la nonciature qui l'héberge, détendu et souriant, devant des fidèles en pâmoison.
Vendredi, le pape avait appelé à Lima à lutter contre "le virus" de "la corruption", à l'occasion d'un discours prononcé au palais du gouvernement devant les autorités politiques et civiles du pays.
"Que de mal fait à nos peuples latino-américains, et aux démocraties de ce continent béni, ce +virus+ social, un phénomène qui infecte tout, les pauvres et la terre mère étant les plus lésés", avait déploré le pape, qui fustige régulièrement ce mal universel.
Au Pérou, ses paroles s'inscrivent dans le contexte d'une crise politique profonde, depuis la grâce accordée à Noël à l'ancien président péruvien Alberto Fujimori, condamné à la prison pour corruption et crimes contre l'humanité.
Très critiqué pour cette décision, le chef de l'Etat Pedro Pablo Kuczynski, ex-banquier de Wall Street, a lui-même échappé à une destitution pour ses liens avec le géant du BTP brésilien Odebrecht.
Lors de sa visite en Amazonie le matin, le pape François a appelé à défendre ce poumon vert de la planète, répondant à l'appel au secours de milliers d'indigènes venus à sa rencontre.
"Probablement, les peuples autochtones amazoniens n'ont jamais été autant menacés sur leurs territoires", a estimé François, déplorant "les blessures profondes que portent en eux l'Amazonie et ses peuples".
Arrivé dans la matinée à Puerto Maldonado, ville du sud-est du Pérou entourée de jungle, le pape argentin était attendu avec impatience par plusieurs milliers d'indigènes péruviens, brésiliens et boliviens.
Une rencontre rythmée par des chants et des danses de différentes tribus, portant tenues traditionnelles, couronnes de plumes et colliers de dents d'animaux pour certains.
L'Amazonie abrite 20% de l'eau douce non gelée de la planète, 34% des forêts primaires et 30 à 50% de la faune et de la flore du monde.
Ce poumon vert se répartit sur neuf des douze pays de l'Amérique du Sud, notamment le Brésil (67%), la Bolivie (11%) et le Pérou (13%).
Menacés par l'exploitation des forêts et des ressources naturelles, les indigènes espéraient un message fort du pape François lors de cette rencontre inédite.
"Nous vous demandons de nous défendre", a lancé, à la tribune, une représentante du peuple Harakbut, Yesica Patiachi. "Si on nous enlève nos territoires, nous pouvons disparaître".
Pour symboliser cet appel au secours, la communauté Ese Eja avait préparé comme cadeau pour le pape un arc et une flèche... destinés à les protéger.
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