"Pour la première fois, dans cette ville, toutes les communautés indigènes de presque toute l'Amérique du sud sont réunies. C'est très difficile, donc c'est historique!", explique à l'AFP José Trinidad, 69 ans, venu spécialement de Lima pour l'occasion.
Dans la soirée de jeudi, danses et chants d'indigènes ont résonné sur la place centrale, avant une procession à minuit d'images saintes jusqu'à l'institut technologique Jorge Basadre, où aura lieu vendredi la rencontre avec la population.
Le souverain pontife doit rencontrer 3.500 indigènes péruviens, brésiliens et boliviens. Il déjeunera aussi en petit comité avec quelques représentants.
"Pape François, l'Amazonie te reçoit", pouvait-on lire sur l'une des nombreuses banderoles pavoisant la ville.
Sous une chaleur humide écrasante, les vendeurs de souvenirs à l'effigie du pape ont soudainement investi les rues, à l'instar d'Elio Tharevolo, qui constate que "les gens ici sont euphoriques".
'Un peuple dépouillé'
Un arc et une flèche: c'est le cadeau symbolique que remettra vendredi une communauté indigène péruvienne au pape François afin qu'il les défende et réclame pour eux les terres ancestrales dont ils ont été privés.
"Nous sommes un peuple dépouillé de ses terres originelles", clame César Jojaje Eriney, 43 ans, président de la tribu Ese Eja de Palma Real, alors qu'il ajuste sa couronne de plumes de perroquets sur la tête et qu'il enfile son collier traditionnel, fait de dents de jaguar et de cochon sauvage.
César voit la venue du pape "avec un regard d'espoir, afin que l'Etat péruvien nous rende nos terres" par son intermédiaire. "C'est l'unique fenêtre".
Venus en bus, en avion ou en bateau à travers la jungle, plusieurs milliers d'indigènes ont participé jeudi, dans l'université de la ville, à une rencontre entre les églises d'Amazonie, devant servir de préparation à la venue du pape mais aussi à son "synode".
Pour François, l'événement constitue un puissant coup d'envoi aux préparatifs de son assemblée mondiale d'évêques (synode) qui sera consacrée à la grande région de l'Amazonie en octobre 2019. En particulier à ses populations "souvent oubliées et privées de la perspective d'un avenir serein".
"Nous sommes un seul peuple", a déclaré à l'AFP Angelton Arara, 33 ans, qui a mis trois jours en bus pour venir du Mato Grosso, dans le centre-ouest du Brésil.
Dans son encyclique "Laudato si", son texte à tonalité très sociale sur l'écologie, le pape s'est notamment attaqué à l'exploitation de la forêt amazonienne mené par "d'énormes intérêts économiques internationaux".
Il a aussi souligné que la terre n'est pas un simple bien économique pour les communautés aborigènes, mais aussi "un endroit où reposent leurs ancêtres, un espace sacré avec lequel elles ont besoin d'interagir pour soutenir leur identité et leurs valeurs".
Vendredi, il doit d'ailleurs distribuer son encyclique, qui vient d'être traduit dans plusieurs langues indigènes.
Récupérer coutumes et identité
L'Eglise est conscient de l'histoire sanglante de l'évangélisation de l'Amérique latine au 16e siècle et reconnait que l'Eglise n'a pas toujours traité avec respect les peuples d'Amazonie.
Mais elle estime être aujourd'hui engagée dans de nombreux projets pour aider les peuples amazoniens à récupérer ses coutumes et son identité.
La Pan-Amazonie représente 43% de la superficie de l'Amérique du Sud, 20% de l'eau douce non gelée de la planète, 34% des forêts primaires hébergeant entre 30 et 50% de la faune et la flore du monde.
Ce poumon vert se répartit sur neuf des douze pays de l'Amérique du Sud, notamment le Brésil (67%), la Bolivie (11%) et le Pérou (13%). Et près de 3 millions d'indigènes y vivent appartenant à 390 peuples différents...
"Nous espérons que le pape donne ici sa bénédiction pour tous ces gens qui souffrent beaucoup et aussi pour que cesse la traite des personnes, il y en a beaucoup ici à Puerto Maldonado", confie Stephanie Ochoa Estrada, 46 ans, venue de Cuzco, ville distante de sept heures en voiture.
"Le voyage a duré 17 heures" pour venir, précise de son côté José Munoz Torres, 66 ans, venu d'Arequipa en bus avec une délégation de 35 personnes dont le prêtre de sa commune. Voir le pape, ce sera "beaucoup d'émotion", glisse-t-il.
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