Au Chili, le souverain pontife a tenté d'endiguer la profonde crise de confiance touchant une Eglise minée par des scandales de pédophilie. Puis ce défenseur des peuples indigènes s'est rendu à plus de 600 km au sud de la capitale, dans le fief des Mapuche.
Des étapes ponctuées, à la marge, par des actions d'associations de victimes de pédophilie et des incendies d'églises attribués à une frange militante des Mapuche.
Adepte des "périphéries" au sein même des pays lointains qu'il visite, l'infatigable pape argentin de 81 ans a choisi jeudi de célébrer une troisième messe au pied des Andes à Iquique, situé à 1.850 km au nord de Santiago.
Dans cette ville, un habitant sur dix est un immigré. Le Chili s'est transformé en pays d'accueil, en particulier dans sa partie nord où arrivent souvent illégalement des ressortissants de Colombie, d'Haïti, de République dominicaine et d'Equateur.
La zone est frontalière avec le Pérou et la Bolivie, cette dernière revendiquant depuis des années au Chili un accès à la mer.
Plus d'un demi-million d'étrangers vivent actuellement au Chili en situation légale, selon des chiffres officiels, totalisant 3% d'une population de 17,5 millions de personnes. Mais la presse chilienne évoque l'arrivée l'an dernier d'environ 105.000 Haïtiens et plus de 100.000 Vénézuéliens.
Le pape célébrera jeudi une messe à Playa Lobito, à 20 km d'Iquique, au bord de l'océan Pacifique.
Pour l'occasion, une statue de la Vierge de Tirana, sainte patronne du Chili et objet d'une grande dévotion populaire dans le nord, a été acheminée sur les lieux depuis son sanctuaire, un village de 1.000 habitants.
Le pape participera à un rituel ancien autour de cette vierge. "Ca va être vraiment glorieux" pour les habitants du village, a commenté à l'AFP Francisco Cuevas, 82 ans, venu accompagné de sa femme en chaise roulante.
Sa modeste commune au milieu des montagnes ocres du nord du Chili a échappé au développement commercial et immobilier des dernières décennies, qui a transformé Iquique en une des plus grandes zones franches du pays.
Il aura aussi une rencontre privée avec deux victimes de la dictature Pinochet, encore une plaie ouverte au Chili.
Incursion en Amazonie
Au cours de son voyage de trois jours au Pérou (jusqu'à dimanche), le pape fera pour la première fois une incursion en Amazonie, dans le sud-est du pays, étape phare de son voyage.
Dans le petit centre économique de Puerto Maldonado, il sera accueilli par quelque 3.500 indigènes, dont certains de Bolivie et du Brésil. Preuve de l'intérêt qu'il porte aux menaces environnementales pesant sur ce poumon vert et ses habitants, parfois réduits à l'esclavage par des trafiquants, le pape a convoqué pour 2019 un synode (réunion mondiale d'évêques) consacré aux peuples d'Amazonie.
Il se rend dans un pays enfoncé dans une profonde crise, depuis la grâce accordée à Noël à l'ex-président péruvien Alberto Fujimori, condamné pour corruption et crimes contre l'humanité. Très critiqué pour cette décision, le chef de l'Etat Pedro Pablo Kuczynski, ex-banquier de Wall Street, a lui-même échappé à une destitution pour ses liens avec le géant du BTP brésilien Odebrecht.
Une semaine avant le voyage, le Vatican a annoncé avoir mis sous tutelle un mouvement catholique péruvien Sodalitium Christianae Vitae, dont le fondateur Luis Fernando Figari, réfugié à Rome, est au coeur d'une enquête pour pédophilie.
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