"Et les gagnants des FAKE NEWS sont...". Dans son style volontiers provocateur, le président américain a publié dans un tweet un lien vers un site qui, ironie du sort, est resté inaccessible pendant plusieurs minutes.
M. Trump, dont les attaques contre les journalistes "malhonnêtes" sont quasi-quotidiennes, reproche en particulier à ces derniers d'accorder trop d'attention à l'enquête du procureur spécial Robert Mueller sur une éventuelle collusion de son équipe avec la Russie pendant la campagne.
"2017 a été une année de partialité acharnée, de couverture médiatique malhonnête et même de fausses informations éhontées", pouvait-on lire en introduction de cette "liste" désignant les médias "les plus corrompus et les plus biaisés".
Sans surprise, cette dernière inclut CNN, le New York Times ou encore le Washington Post, cibles habituelles du milliardaire.
"Des études ont montré que plus de 90% de la couverture médiatique du président Trump est négative", ajoutait le texte, sans autres précisions ni sources.
En pole position, non pas un journaliste mais Paul Krugman, prix Nobel d'économie 2008 et éditorialiste pour le New York Times.
Ce dernier "avait affirmé le jour de la victoire écrasante historique du président Trump que l'économie ne s'en remettrait jamais", souligne le site, avant de rappeler que Wall Street bat record sur record.
La liste épingle également l'erreur d'un journaliste vétéran de la grande chaîne ABC, Brian Ross, qui a été suspendu pendant quatre semaines. Il avait rapporté à tort que Donald Trump avait donné pour instruction à son conseiller Michael Flynn de contacter des émissaires du Kremlin avant son élection en novembre 2016.
"A part certaines couvertures médiatiques très corrompues et malhonnêtes, il existe beaucoup d'excellents journalistes que je respecte et beaucoup de BONNE NOUVELLE dont les Américains peuvent être fiers!", a ajouté un peu plus tard le président américain.
Vérité 'bousculée et maltraitée'
Quelques heures plus tôt, deux élus républicains avaient donné de la voix pour dénoncer sans détours la dangereuse dérive que représente à leurs yeux les attaques quasi-quotidiennes du locataire de la Maison Blanche contre les journalistes.
"2017 fut l'année où la vérité - objective, empirique, basée sur des faits - a été plus la plus bousculée et maltraitée dans l'histoire de notre pays, aux mains du personnage le plus important de notre gouvernement", a lancé devant le Congrès le sénateur Jeff Flake.
Pour Jeff Flake, qui a annoncé qu'il ne se représenterait pas à l'issue de son mandat fin 2018, le temps du sursaut est venu: il n'est plus possible d'ignorer les "assauts" contre les médias d'un président "qui ne supporte pas la critique".
"+L'ennemi du peuple+, c'est comme cela que le président des Etats-Unis a qualifié la presse en 2017", a-t-il lancé, rappelant que ces mots "tristement célèbres" avaient été prononcés par l'ancien dirigeant russe Joseph Staline "pour décrire ses ennemis".
Quelques heures avant le discours de M. Flake, un autre sénateur républicain, John McCain, figure du Congrès, avait, dans une tribune, appelé M. Trump à arrêter "d'attaquer la presse".
Pour cet ancien candidat républicain à la présidence, l'attitude du président vis-à-vis des médias pose un problème pour l'Amérique, mais aussi pour le monde.
"Que Trump en soit conscient ou pas, ses actes sont observés de près par des dirigeants étrangers qui utilisent déjà ses mots comme excuse", a-t-il souligné, dénonçant l'attitude "incohérente" voire "hypocrite" de l'administration vis-à-vis de la liberté de la presse.
"L'expression +fake news+ à laquelle le président américain a donné une légitimité, est utilisée par des autocrates pour réduire au silence des journalistes", a encore écrit le sénateur de 81 ans, qui avait, durant la campagne, dénoncé sans détour le comportement de l'homme d'affaires de New York.
Devant ses pairs rassemblés au Congrès, Jeff Flake n'a pas caché son effarement face à cette annonce de "prix" mise en scène par le dirigeant de la première puissance mondiale.
"Le fait qu'un président américain puisse s'adonner à un tel spectacle défie l'entendement", a-t-il déploré. "Mais voilà où nous en sommes...".
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