Parallèlement aux négociations ou discussions que va devoir mener l'État, de nombreuses procédures sont à prévoir avant de lancer les travaux devant permettre à l'aéroport nantais d'accueillir 9 millions de passagers et 80.000 mouvements d'avions à horizon 2040.
Premier coup de pioche ?
Le Premier ministre Édouard Philippe a précisé mercredi lors de l'annonce de l'abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes que de premiers aménagements pourront commencer rapidement à Nantes-Atlantique.
"Dans un premier temps l'aérogare de Nantes-Atlantique sera modernisé", a-t-il affirmé et "en parallèle la procédure pour l'allongement de la piste sera engagée, elle permettra de réduire les nuisances sonores à Nantes".
Si le rapport des médiateurs remis en décembre à Édouard Philippe tablait sur un délai d'au moins "deux ou trois ans" nécessaire avant de s'attaquer notamment à la réfection de la piste unique de Nantes-Atlantique et à son éventuel allongement, tous ne sont pas d'accord.
"Dire qu'il faudra deux ans alors qu'on en a mis quinze à Notre-Dame-des-Landes, c'est une vaste escroquerie", tonne-t-on au Syndicat mixte aéroportuaire (SMA), qui regroupe les collectivités ayant commencé à financer le transfert de l'aéroport dans le bocage nantais.
En l'absence de "plan B" jusqu'à maintenant, "on reprend toute la procédure à zéro et on repart pour dix ans au moins, quinze ans en cas de recours", ajoute le SMA.
"Cela veut dire qu'à la fin du mandat d'Emmanuel Macron, aucun coup de pioche n'aura été donné", mettait en garde avant la prise de décision du gouvernement l'ex-maire PS de Nantes et ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault, soutien indéfectible du projet de Notre-Dame-des-Landes.
"C'est du pipeau ! Ça prendra du temps, mais beaucoup moins qu'à Notre-Dame-des-Landes", rétorque Françoise Verchère, partisane d'un réaménagement de Nantes-Atlantique et co-présidente d'un collectif d'élus opposé à son transfert à Notre-Dame-des-Landes.
"Il n'y a aucune nécessité à faire dans les deux ans une aérogare accueillant 9 millions de passagers. Les aménagements se feront au fur et à mesure des besoins du trafic, comme pour Notre-Dame-des-Landes qui devait ouvrir à 5 millions de passagers, puis être agrandi une première fois à 7 millions et une autre fois à 9 millions", poursuit Mme Verchère.
Le rapport des médiateurs évoque une optimisation progressive des aménagements aéroportuaires à partir de 2020, avec un phasage des travaux en trois temps jusqu'à 2035.
Quelles procédures ?
Mais avant le réaménagement à long terme de Nantes-Atlantique proprement dit, et avant même d'engager les études environnementales et d'ingénierie nécessaires à la conduite des procédures, l'État devra, en cas de résiliation du contrat actuel passé avec le groupe de BTP Vinci, choisir un nouveau concessionnaire à l'issue d'un appel d'offres. La désignation de Vinci Airports avait pris "près de trois ans", rappelle-t-on au SMA.
Les procédures - nouvelle DUP (déclaration d'utilité publique) pour environ 30 hectares, nouveaux plans de gêne sonore et d'exposition au bruit, modification de documents d'urbanisme - sont quant à elles nombreuses, mais "certaines peuvent être menées en parallèle", avancent les médiateurs, qui proposent une "enquête publique unique".
Contrairement à l'enquête publique, l'organisation d'un débat public n'est pas obligatoire, soulignent les médiateurs, qui privilégient une simple concertation.
Quel coût ?
Opposés sur la lourdeur et la longueur de ces procédures, les défenseurs d'un transfert à Notre-Dame-des-Landes et les partisans de l'optimisation de Nantes-Atlantique achoppent sur un autre point: le prix d'un tel réaménagement.
Les médiateurs l'ont chiffré entre 365 et 460 millions d'euros, prolongement du tramway jusqu'à Nantes-Atlantique compris, mais hors coût d'une éventuelle indemnisation versée par l'État à Vinci en cas de résiliation du contrat, et du retour à l'ordre public sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.
Pour les collectivités et les associations pro-NDDL, la rénovation de Nantes-Atlantique s'élèvera à "plus d'un milliard d'euros", avec les coûts induits par "le droit au délaissement" des maisons soumises à des prescriptions d'urbanisme.
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