Scène de liesse et champagne débouché dans la "zone à défendre", où l'aéroport aurait dû voir le jour en plein bocage nantais, coups de klaxons et effervescence médiatique dans le bourg de Notre-Dame-des-Landes et ses 2.000 habitants, devenus malgré eux le centre de toutes les attentions.
"Et toc!", proclame une banderole déployée sur la tour de garde érigée en plein cœur de la ZAD, en lieu et place de la tour de contrôle du projet d'aéroport qui ne verra jamais le jour, tandis qu'une vingtaine de zadistes ouvrent des bouteilles de champagne et entonnent des chants.
A quelques centaines de mètres plus au nord, dans le bourg de Notre-Dame-des-Landes, des militants de l'Acipa, principale association d'opposants, se sont engouffrés dans leur minuscule local faisant face à la mairie, entourés d'une nuée de caméras et de micros.
Écoutant le discours du Premier ministre au moyen d'un vieux poste de radio grésillant, leurs visages s'éclairent les minutes passant. "L'abandon, on l'a, l'arrêt de la DUP (déclaration d'utilité publique, ndlr), on l'a", commente, souriant, Julien Durand, porte-parole de l'Acipa et l'un des doyens de la lutte contre l'aéroport.
Le mouvement anti-aéroport dans son ensemble a salué dans un communiqué "une victoire historique", obtenue "grâce à un long mouvement aussi déterminé que divers".
"Pour moi, c'est un grand soulagement. C'est la décision qu'on attendait depuis très longtemps. On l'attendait quand même avec un peu d'inquiétude car on a été échaudé à plusieurs reprises", déclare Claude Colas, autre figure du mouvement anti-aéroport et l'un des neuf co-fondateurs de l'Acipa en 2000, au moment de la relance du projet d'aéroport par le gouvernement de Lionel Jospin.
"Aujourd'hui, il reste l'avenir de la ZAD. On attend que le gouvernement nous laisse le temps de nous organiser, qu'il accepte de négocier dans le sens d'une zone expérimentale pour l'agriculture", ajoute-t-il.
"Du temps pour discuter"
"Le Premier ministre s'engage à respecter la trêve hivernale. C'est une bonne chose, ça nous donne du temps pour discuter", souligne Julien Durand, devant le local de l'Acipa recouvert d'autocollants "Non à l'aéroport".
Il a appelé les participants aux rassemblements prévus en fin de journée à Nantes et Rennes notamment, à "garder leur sang-froid" et à "ne pas déraper". "L'avenir de la ZAD se joue peut-être ce soir dans la rue. Ne gâchons pas la victoire", a lancé le septuagénaire, coiffé de son habituelle casquette.
Les anti-NDDL se sont engagés auprès du gouvernement à "résoudre" eux-mêmes le problème "épineux" de la route départementale 281, entravée depuis cinq ans par des barricades diverses, et de la rendre à la libre circulation des véhicules.
Certains opposants se sont émus de l'arrivée annoncée des forces de l'ordre, appelant à la "vigilance" et à la "résistance" en cas d'intervention dans la zone.
"J'ai très peur que tous nos copains de la ZAD avec qui on travaille depuis des années, avec qui on construit des projets, avec qui on a des relations humaines absolument extraordinaires, j'ai peur qu'ils s'en prennent plein la figure. (...) Ça teinte un peu d'amertume la joie qu'on pourrait avoir", a réagi Dominique Le Lay, habitante de Notre-Dame-des-Landes.
"On fera tout pour empêcher l'évacuation, par tous nos moyens", a-t-elle assuré.
Pour Maryvonne Monfort, venue de Saint-Nazaire, "ce n'est qu'un demi-succès, maintenant, il faut intégrer les gens de la ZAD, et il faut les laisser vivre surtout", a-t-elle imploré.
Le maire sans étiquette de Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud, absent du bourg lors de la décision, doit tenir une conférence de presse en fin de journée.
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