Les faits se sont produits vers 16H00, à l'ouverture de sa cellule. Cet islamiste de 51 ans, en fin de peine, mais qui s'était fait notifier une demande d'extradition vers les États-Unis, a agressé ces agents "à l'aide d'un ciseau à bout rond et d'une lame de rasoir", selon Alain Jégo, directeur interrégional des services pénitentiaires. Selon une source syndicale présente lors de l'agression, il s'agirait plutôt d'un couteau de cantine aiguisé et non d'une lame de rasoir.
"L'agresseur a crié +Allah Akbar+ à chaque fois qu'il mettait des coups de lames aux collègues", a détaillé un représentant du le syndicat UFAP-UNSA.
Quatre agents ont tenté de le maîtriser et trois ont été blessés, au cou, au bras et au cuir chevelu. En fin de journée, tous étaient sortis de l'hôpital. "Il y avait une volonté d'agresser pour différer ou mettre en difficulté" sa possible extradition, a précisé M. Jégo.
"Il y a une énorme colère qui monte", a déclaré à l'AFP Jean-François Forget, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice. "Nous allons vers une action nationale. On n'a pas les moyens de garder des profils pareils", a-t-il dit.
"On savait qu'il passerait à l'acte, des écoutes le laissaient transparaître. Il a été mis à l'isolement vendredi soir (...) et bizarrement le lundi, la direction a levé ces mesures", a dénoncé à l'AFP Grégory Strzempek, délégué syndical Ufap-Unsa Justice, qui a annoncé un mouvement de débrayage au niveau national vendredi à 6H45.
Peu après l'agression, la section antiterroriste du parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête pour tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste.
Christian Ganczarski avait été condamné en 2009 à 18 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises spéciale de Paris, pour complicité dans l'attentat de la synagogue de Djerba (Tunisie) en avril 2002, qui avait fait 21 morts dont plusieurs Français. Converti à l'islam, il en était considéré comme son organisateur.
Ganczarski est également ancien responsable de la maintenance et du cryptage des réseaux de communication d'Al-Qaïda et a vécu aux côtés de Ben Laden en Afghanistan.
- Abdeslam en février -
La présidente du Front national (FN) Marine Le Pen a immédiatement annoncé sa venue vendredi matin sur place, affirmant qu'il s'agissait d'"une étape supplémentaire (...) dans l'ultra-violence dans un centre pénitentiaire déjà tristement célèbre pour les agressions régulières d'agents par des détenus radicalisés".
Le centre de Vendin-le-Vieil, à une trentaine de kilomètres au sud de Lille, a été inauguré en mars 2015 et abrite actuellement 100 détenus.
Début février, cette prison doit accueillir Salah Abdeslam le temps de son procès à Bruxelles pour une fusillade commise dans la capitale belge en mars 2016 pendant sa cavale. Abdeslam est l'unique survivant des commandos jihadistes auteurs des attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, qui ont fait 130 morts.
En janvier 2017, un détenu de Vendin-le-Vieil y avait été tué par un autre prisonnier. Le suicide d'un détenu par pendaison s'y était produit à la mi-novembre 2016, ainsi que que deux prises d'otage, en juillet 2016 et en septembre 2015, qui n'avaient pas fait de victime.
"En trois ans on a eu ce que d'autres prisons ont en 20 ans. Il y a un problème" à Vendin, a estimé M. Strzempek, précisant qu'il y aurait un mouvement de débrayage au niveau national vendredi à 6H45.
Une agression commise par un détenu radicalisé avait aussi eu lieu en septembre 2016 à Osny (Val d'Oise). Un détenu marocain de 24 ans avait attaqué et tenté de tuer à l'arme blanche deux surveillants, revendiquant son geste au nom de Daech, dans ce qui était apparu comme la première action jihadiste en prison.
mas-zl-nal-grd/jcc
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