Après environ dix-huit heures de tractations à Berlin, aucun accord n'était en vue vers 01H00 GMT. Selon plusieurs médias allemands, les discussions patinent notamment sur des questions fiscales.
Un résultat pourrait n'être annoncé qu'à l'aube, ont indiqué des sources proches des négociateurs, excluant tout report.
"Ce sera une dure journée", avait averti d'emblée Angela Merkel avant la dernière séance de négociations, parlant de "gros obstacles" à surmonter.
Après avoir d'abord échoué en novembre à s'entendre sur une coalition majoritaire avec les écologistes et les libéraux, elle n'a plus le droit à l'erreur.
La chancelière de 63 ans s'est dite prête à "trouver des compromis constructifs" entre son camp démocrate-chrétien (CDU et CSU) et les sociaux-démocrates du SPD, mais sans dépasser certaines lignes rouges.
Le président du SPD Martin Schulz a lui aussi parlé de "gros obstacles" à franchir.
Face au risque de blocage, le président allemand Frank-Walter Steinmeier, social-démocrate, a appelé les deux camps à surmonter leurs différends au nom de l'intérêt national.
La tâche de former un gouvernement "constitue une responsabilité vis-à-vis de l'Europe", a-t-il dit. Il en va de la réputation de "fiabilité" de l'Allemagne "sur la scène internationale", a ajouté le chef de l'Etat.
'Coalition des perdants'
Les tractations se déroulent dans un contexte politique défavorable tant pour les démocrates-chrétiens que pour les sociaux-démocrates.
Certains médias ont déjà qualifié leur possible alliance de "coalition des perdants" car les deux camps ont été sanctionnés par les électeurs lors du scrutin législatif, marqué par la percée de l'extrême droite.
A eux deux, ils ne représentent qu'une courte majorité des suffrages. Angela Merkel, au pouvoir depuis douze ans, a emporté une victoire à la Pyrrhus avec un score historiquement bas et le SPD a subi une humiliation en septembre.
Une majorité d'Allemands (56%) pensent que la chancelière quittera ses fonctions avant la fin de son éventuelle prochaine mandature, selon un sondage publié jeudi par le quotidien Handelsblatt.
Sur le fond, les divergences restent importantes. Les conservateurs, en particulier la CSU qui est déjà en campagne pour des élections régionales cet automne, exigent un durcissement de la politique migratoire et une réduction limitée des impôts pour tous.
Le SPD plaide, lui, en faveur d'un assouplissement du regroupement familial pour les réfugiés, d'importants investissements dans l'éducation et les infrastructures et d'un soutien pour les classes moyennes et défavorisées.
Il veut aussi à tout prix imposer une hausse du taux d'imposition pour les gros salaires de 42 à 45%, une exigence que la CSU rejette catégoriquement.
Inconnue SPD
Les partenaires potentiels ont pu toutefois avancer sur certains dossiers, comme sur une loi concernant l'immigration qualifiée, essentielle pour la première économie européenne à la population vieillissante.
Les sociaux-démocrates ne devraient dévoiler que vendredi s'ils recommandent une nouvelle coalition.
Ensuite il reviendra aux délégués du parti, réunis en congrès extraordinaire le 21 janvier, de dire s'ils approuvent ou non des négociations détaillées. Et en fin de parcours, les militants devront approuver le contrat de gouvernement.
Si tout va bien, un nouvel exécutif ne sera donc en place que fin mars, alors que toute l'Europe s'impatiente. La France en particulier, qui attend une réponse à ses propositions de réformes de la zone euro.
C'est l'une des exigences du SPD: "Si nous acceptions de rentrer au gouvernement, ce ne serait qu'à la condition de renforcer l'Europe", a insisté M. Schulz jeudi.
Même en cas d'accord jeudi soir, la base du SPD, qui aura le dernier mot, peut tout faire capoter au bout du compte. Et elle reste très sceptique à l'idée de servir à nouveau d'appoint aux conservateurs.
"Pour la base du parti, l'idée d'une nouvelle coalition reste catastrophique", a déclaré le chef des jeunes sociaux-démocrates Kevin Kühnert.
Martin Schulz a cruellement besoin d'un succès, faute de quoi "il aura de grosses difficultés à convaincre les délégués puis les militants de la nécessité d'une grande coalition", souligne Gustav Horn, directeur du Think Tank IMK, proche des syndicats, sur la chaîne de télévision Phoenix.
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