Les troupes du régime ont réussi mercredi soir à entrer dans l'aéroport militaire d'Abou Douhour, tenu par Hayat Tahrir al-Cham, groupe jihadiste dominé par l'ex-branche d'Al-Qaïda qui contrôle la province d'Idleb.
Cet aéroport revêt une importance stratégique pour les autorités syriennes: en reprendre le contrôle lui permettrait de disposer d'une base militaire dans la province.
Mais après avoir pénétré dans l'aéroport, situé dans le sud-est de la province, les forces gouvernementales piétinent face à la "résistance féroce" des jihadistes et des rebelles islamistes, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Jeudi matin, Hayat Tahrir al-Cham et ses alliés islamistes ont en outre lancé une contre-offensive visant les bases arrière des forces du régime, à des dizaines de kilomètres au sud de l'aéroport, selon le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Pour les jihadistes, "l'objectif est de soulager la pression sur le front de l'aéroport", a précisé M. Abdel Rahmane.
Déplacés 'sans abri'
L'assaut dans le sud-est d'Idleb, lancé le 25 décembre et couplé à un autre dans le nord-est de la province voisine de Hama, a permis au régime de reprendre des dizaines de villages et localités, selon l'OSDH.
Les derniers combats, rythmés par les frappes aériennes du régime et de son allié russe, ont fait 16 morts parmi les jihadistes et les rebelles, d'après la même source.
Mercredi déjà, 35 soldats du régime avaient péri dans une contre-attaque des jihadistes dans l'aéroport même.
En prenant le sud-est de la province d'Idleb, l'objectif du pouvoir est de "sécuriser" une route qui relie Alep, deuxième ville du pays, à la capitale Damas.
Le régime avait perdu le contrôle de l'aéroport fin 2015, au terme d'un siège de deux ans imposé par les jihadistes. Depuis, sa présence dans la province se limitait aux deux villages chiites de Foua et Kafraya.
Quelques groupes rebelles maintiennent une présence à Idleb, et malgré leurs divergences avec les jihadistes ils se sont alliés pour lutter contre les forces de Bachar al-Assad.
Les violences ont provoqué d'importants mouvements de populations: depuis début décembre, près de 100.000 personnes ont fui les combats, a annoncé mercredi le bureau des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha).
"Beaucoup (de déplacés) se retrouvent sans abris, ce qui pourrait les exposer à des risques nombreux", surtout pendant l'hiver, a mis en garde l'organisation.
Colère d'Ankara
Quelque 96 civils, dont 27 enfants, sont morts depuis le 25 décembre dans les raids aériens du régime syrien ou de l'allié russe à Idleb, selon l'OSDH.
Frontalière de la Turquie, Idleb est l'une des quatre "zones de désescalade" décidées par les parrains internationaux des belligérants pour obtenir des cessez-le-feu à travers le pays.
L'offensive du régime a provoqué la colère de la Turquie, parrain des rebelles, qui a demandé mercredi à la Russie et à l'Iran, alliés du régime, d'"assumer leurs responsabilités" et de stopper l'opération en cours.
En tant que parrains, "vous devez stopper le régime", a déclaré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.
"Il ne s'agit pas là d'une simple attaque aérienne, le régime a d'autres intentions et il est en train d'avancer dans Idleb", a-t-il insisté.
Les autorités turques avaient déjà convoqué mardi soir les ambassadeurs de Russie et d'Iran à Ankara pour communiquer leur "gêne" face à cette offensive.
Les tensions jettent un voile d'incertitude sur la réunion que le président russe Vladimir Poutine espère tenir les 29 et 30 janvier dans la station balnéaire de Sotchi pour trouver une issue au conflit syrien qui a fait plus de 340.000 morts depuis 2011.
Par ailleurs, le responsable de l'ONU chargé des Affaires humanitaires, Mark Lowcock, achevait jeudi une visite en Syrie, où il a rencontre les autorités syriennes.
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