Le résultat de ces discussions exploratoires difficiles n'est pas attendu avant tard dans la nuit.
Après un premier échec en novembre avec les écologistes et les libéraux, Angela Merkel, 63 ans et au pouvoir depuis douze années, n'a plus le droit à l'erreur si elle veut gouverner quatre ans de plus.
Pour le politologue Karl-Rudolf Korte, la chancelière, affaiblie après une victoire électorale remportée avec un score décevant, "serait finie" en cas de nouveau faux-pas. Il en va de même pour son allié Horst Seehofer, président du parti bavarois CSU, et pour le chef des sociaux-démocrates Martin Schulz, dont l'autorité est contestée depuis une claque électorale le 24 septembre.
"Tous les regards sont tournés vers les partis et leurs dirigeants", a prévenu le chef de l'Etat Frank-Walter Steinmeier pour mettre la pression.
Poids-lourd du SPD, c'est déjà lui qui avait poussé les responsables de son parti -pourtant décidé après les législatives à passer dans l'opposition- à s'engager dans un mariage de raison avec Angela Merkel afin d'éviter des élections anticipées susceptibles de profiter avant tout au parti d'extrême droite AfD.
Selon un sondage publié cette semaine par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel, cette formation est créditée de 14,5% des intentions de vote, en progrès comparé à son score des élections de septembre (12,6%).
'Tout faire'
Dans ce contexte, les dirigeants "vont tout faire pour arriver à une nouvelle grande coalition", qui ne serait "de facto qu'une mini-coalition car ils n'ont que 53%" des voix, a estimé Karl-Rudolf Korte sur la chaîne ZDF.
En 2013, ces trois partis détenaient encore les quatre cinquièmes des sièges au Bundestag. A l'époque, quatre partis y étaient représentés contre six aujourd'hui, avec le retour des libéraux du FDP et l'entrée de l'extrême droite (AfD).
Conservateurs et SPD ont déjà gouverné à deux reprises au cours des douze dernières années. Aujourd'hui, chacun promet "une nouvelle politique" adaptée à l'époque qui change, en dépit de positions très opposées sur certains dossiers.
Les conservateurs, en particulier la CSU déjà en campagne pour les élections régionales de cet automne, exigent un durcissement de la politique migratoire et une réduction limitée des impôts pour tous.
Le SPD plaide, lui, en faveur d'un assouplissement du regroupement familial pour les réfugiés, d' investissements dans l'éducation et les infrastructures et d'un soutien pour les classes moyennes et défavorisées.
S'invitant dans le débat, le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire a appelé l'Allemagne à "investir plus" dans un entretien à l'hebdomadaire Die Zeit paru jeudi.
Inconnue SPD
Les partenaires potentiels ont pu toutefois avancer sur certains dossiers, comme sur une loi concernant l'immigration qualifiée, essentielle pour la première économie européenne à la population vieillissante.
Selon les médias, ils pourraient s'accorder jeudi sur un document jetant les bases d'une future coopération gouvernementale. Mais les sociaux-démocrates ne devraient dévoiler que vendredi s'ils recommandent une nouvelle coalition.
Ensuite il reviendra aux délégués réunis en congrès extraordinaire le 21 janvier de dire s'ils approuvent ou non des négociations détaillées. Et en fin de parcours, les militants devront approuver le contrat de gouvernement.
Si tout va bien, un nouvel exécutif ne sera donc en place qu'à la fin mars, alors que toute l'Europe s'impatiente. La France en particulier, qui attend une réponse à ses propositions de réformes de la zone euro.
Même en cas d'accord jeudi soir, la base du SPD -qui aura le dernier mot- peut tout faire capoter au bout du compte. Et elle reste très réservée à l'idée de servir à nouveau d'appoint aux conservateurs.
"Le scepticisme était et reste justifié", a déclaré un dirigeant du SPD mercredi, Ralf Stegner.
"Je pense que nous pouvons encore éviter une grande coalition", a déclaré le chef des jeunes sociaux-démocrates Kevin Kühnert dans le Spiegel. Pour eux, il s'agit aussi de ne pas laisser l'AfD être la première force d'opposition à la chambre des députés.
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