C'était une première à Rouen (Seine-Maritime). Les représentants des différentes communautés religieuses, catholiques, protestants, évangélistes, juifs et musulmans, ont présenté ensemble leurs vœux à la société civile. Une manière de mettre en avant les liens d'amitié qu'ils entretiennent au sein du comité interconfessionnel de Rouen, créé par l'ancien Archevêque Jean-Charles Descubes au lendemain des attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015. "C'est un travail que l'on faisait discrètement même si à Rouen, on a toujours été ensemble. Après les épreuves de Saint-Étienne-du-Rouvray, on a voulu sortir de notre terrier et montrer l'exemple", explique Mohammed Karabila, imam de Saint-Étienne-du-Rouvray et président du conseil régional du culte musulman. "La mort du père Jacques Hamel nous a déchiré le cœur. On poursuit notre travail en commun avec plus de profondeur depuis".
Des conférences à quatre voix
Ce travail se manifeste par des conférences publiques communes à quatre voix. La première d'entre elles s'est aussi tenue après un événement dramatique. Celui des attentats de novembre au Bataclan et aux terrasses parisiennes. Le principe : deux représentants des courants chrétiens, un représentant de la communauté juive et un de la communauté musulmane qui présentent brièvement leur point de vue sur des sujets de société. Par exemple, leur vision de l'amour ou le rapport du croyant à la politique. La prochaine conférence à quatre voix aura lieu le 19 mars 2018 à la Halle aux toiles sur le thème Tora, Bible, Coran, mode d'emploi. "Ces rendez-vous permettent que l'on nous voit ensemble et servent à montrer qu'il n'y a pas de peur d'aborder les sujets de manière différentes, avec une vraie capacité d'écoute", témoigne Pierre Belhache, responsable des relations avec l'Islam pour le diocèse de Rouen. Le comité se réunit aussi quatre fois par an pour échanger et se questionner sur différentes thématiques, sans tabou. "Nous pouvons aborder la question des prières de rue avec nos amis musulmans ou interroger la communauté juive de Rouen sur son ressenti de la situation à Jérusalem", affirme l'archevêque Dominique Lebrun. Le comité pourrait même cette année prendre des positions communes et publiques, selon l'archevêque, "sur les questions de bioéthique par exemple", dont les états généraux doivent se tenir au premier semestre. Une manière aussi de peser dans le débat public.
Des actions sur le terrain
Sans directement les chapeauter, le comité interconfessionnel de Rouen soutient les initiatives dans les villes et les quartiers. Parmi elles, les cafés de l'amitié. "Ils n'ont pas d'autres ambitions que de permettre à des gens de profils et de milieux sociaux très différents de se rencontrer, pour mieux se comprendre, explique Pierre Belhache. Nous l'avons fait à Canteleu entre des commerçants et des jeunes, dont certains n'avaient jamais eu l'occasion de voir un prêtre". Autre initiative, portée cette fois par un agent du CCAS, le "culte tour" qui est en train d'être testé. Une occasion de visiter en une journée une mosquée, une église, la fraternité protestante, la synagogue de Rouen et le temple hindouiste de Saint-Étienne-du-Rouvray, pour s'initier à ces cultes. Il devrait être mis en place dès cette année. Une manière, comme souhaitée dans les vœux du comité de "s'inscrire dans une laïcité qui favorise les échanges de tous ordres entre les personnes de toute communauté".
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