Tous les vendredis, en kiosque et par abonnement, ce journal plutôt petit mais épais (100 pages) va tenter de se distinguer, et pas seulement par son format atypique et sa "deuxième une" en quatrième de couverture.
"On n'est pas dans la vitesse, on n'est pas dans la surinformation", explique à l'AFP Patrick de Saint-Exupéry, qui a quitté la direction de XXI pour prendre la barre d'Ebdo avec Constance Poniatowski (ex-directrice de Version Femina).
La rédaction (paritaire) apportait cette semaine les dernières touches au premier numéro, qui sera présenté ce mercredi soir. Au menu: une enquête, des reportages, une BD scientifique, un dossier thématique de vie quotidienne ("le sel" dans le numéro 0), des chroniques de l'écrivain Emmanuel Carrère et du psychiatre Tobie Nathan, des jeux et une histoire pour enfants.
Se revendiquant "accessible à tous", "non-partisan", "fondé sur les faits", Ebdo s'est installé dans le quartier parisien des éditeurs de Saint-Germain-des-Prés. Il a recruté une trentaine de journalistes, débutants ou plumes aguerries comme Anne Jouan, ex-journaliste au Figaro, Laurent Valdiguié, ex-rédacteur en chef du Journal du Dimanche, ou Samuel Forey, grand reporter au Figaro.
"On veut créer un espace de lecture commun entre des gens jeunes ou plus âgés, citadins ou de la campagne, CSP++ ou qui n'ont pas fait d'études supérieures", dit son cofondateur, l'éditeur Laurent Beccaria.
Ebdo veut "trouver un public au-delà des fans de XXI", revue trimestrielle vendue à 40.000 exemplaires, ajoute Nicolas Delesalle, venu de Télérama pour assurer la rédaction en chef avec Gaëlle Macke (ex-Challenges).
Objectif 90.000 lecteurs
Avec un prix de 3,50 euros le numéro, Ebdo se place parmi les moins chers des news magazines. Les tarifs d'abonnement seront graduels en fonction des ressources des lecteurs, à partir de cinq euros par mois et sans justificatif, précise son directeur général Thierry Mandon, ex-secrétaire d'Etat socialiste et ami de longue date de Laurent Beccaria. Ebdo compte déjà 8.000 pré-abonnés.
Les fondateurs ont mûri leur formule avec des méthodes maison: enquête auprès de la communauté de lecteurs de XXI et 6mois, ateliers participatifs (le nom du journal a été trouvé par un lecteur), tour de France à la rencontre des lecteurs et financement participatif avec à la clé plus de 400.000 euros, un record pour une publication.
Une journaliste au sein d'Ebdo est chargée de nourrir cette interactivité. "Le lecteur est sollicité en permanence : on lui demande beaucoup de venir vers nous, de témoigner, de nous dire de quoi il a envie qu'on parle", raconte Constance Poniatowski.
S'il ne diffuse pas ses articles sur internet, le journal a un site, "La Source", qui doit permettre aux lecteurs de participer chaque semaine à l'élaboration du journal.
Concocté à Paris, Ebdo veut aussi voir l'actualité en dehors de la capitale, alors que de nombreux médias sont accusés de "parisianisme". Plusieurs journalistes habitent et travaillent à Lille, Lorient ou Lyon, et proposeront des sujets depuis leur ville.
Avec 200.000 exemplaires pour son premier numéro, le tirage prévu est audacieux. Pour atteindre l'équilibre financier (15 millions d'euros de chiffre d'affaires), Ebdo vise 90.000 ventes chaque semaine fin 2019: beaucoup moins que Paris Match mais autant que VSD ou La Vie. Les fondateurs ont investi dans ce lancement les bénéfices de la revue XXI.
Le journal tient à son indépendance mais va prochainement ouvrir une partie de son capital à des actionnaires individuels, avec des parts de 3 à 5%.
Le groupe de presse Bayard, qui édite le quotidien La Croix et doit lancer son propre hebdomadaire à l'automne, va prendre une part de 5% et aide déjà Ebdo à se lancer en kiosques.
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