Alors que le président français s'apprêtait à quitter la Chine en début d'après-midi après une visite d'Etat de trois jours, l'Elysée a annoncé que Pékin passait commande de 184 appareils A320. Le montant du futur contrat, qui porte surtout sur des modèles Neo, n'a pas été révélé, mais au prix catalogue, il atteindrait 18 milliards de dollars (15 milliards d'euros).
L'absence de commande à l'avionneur européen avait déçu mardi soir à l'issue du sommet entre M. Macron et son homologue chinois Xi Jinping, sommet accompagné de la signature de plusieurs accords commerciaux.
Airbus avait dû se contenter de signer un protocole d'accord en vue d'augmenter sa cadence de production de l'A320 en Chine, où il dispose d'un site d'assemblage.
L'accord le plus spectaculaire passé durant la visite présidentielle concerne Areva, qui a décroché la construction d'une usine de retraitement de déchets nucléaires sur le modèle du site existant à La Hague, dans le nord-ouest de la France.
Ce projet, négocié depuis dix ans, porterait sur au moins 10 milliards d'euros, un prix réduit sous la pression chinoise, a annoncé le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, présent dans la délégation.
Emmanuel Macron, qui a rencontré mercredi la communauté française à l'ambassade de France en Chine, a aussi annoncé la levée dans six mois de l'embargo qui pesait depuis 2001 sur la viande bovine française, à la suite de la crise de la vache folle.
Mais la visite du président français a été largement dominée par l'initiative chinoise des "Nouvelles routes de la soie", un colossal projet d'investissements dans les infrastructures à destination de l'Europe, qui fait parfois craindre de voir le régime communiste étendre son influence politique vers l'Ouest.
Ne pas 'subir'
Parmi les cibles, plusieurs pays de l'est du continent, prompts à accepter l'argent chinois y compris dans les secteurs stratégiques, comme la Grèce qui a vendu le port du Pirée.
"Certains pays sont beaucoup plus ouverts aux intérêts chinois, parfois aux dépens d'un intérêt européen. On ne peut pas leur en vouloir car nous les avons acculés à des privatisations très dures", a relevé Emmanuel Macron.
Divisée, incapable de défendre ses secteurs stratégiques, parfois ouverte à tous vents, l'Europe n'est guère respectée en Chine, a lancé le chef de l'Etat. Son souhait: une position commune face à la Chine entre les pays de l'UE qui sont décidés à privilégier l'intérêt européen sur leur intérêt national à court terme.
L'Europe doit prendre position non seulement sur les Nouvelles routes de la soie, mais aussi sur la protection de ses secteurs stratégiques.
"Nous aurons à définir une position commune au niveau européen" face aux routes de la soie, car "cette initiative, nous ne pouvons pas la méconnaître, ce serait décider de la subir et une erreur stratégique profonde", a-t-il plaidé lors d'une conférence de presse-bilan, tout en reconnaissant que le projet chinois divise l'UE.
"La Chine ne peut pas respecter un continent où une partie des Etats membres se donne toutes portes ouvertes, où il est facile d'acheter à l'encan des infrastructures essentielles. Donc, quand la France ou l'Europe défend ses secteurs stratégiques, c'est bon pour nous et pour le dialogue", a-t-il assuré.
Le président français a conclu ses trois jours de visite en Chine par une découverte de l'Académie spatiale. Ses hôtes lui ont montré les grandes ambitions chinoises pour l'exploration vers la Lune, où Pékin compte lancer une sonde en 2019 avant d'y installer une base, et vers Mars en 2030. "C'est impressionnant", a-t-il reconnu avant une visite au futur satellite franco-chinois CFOSAT d'observation des océans.
Interrogé sur la question du respect des droits de l'homme en Chine, M. Macron a assumé de ne pas évoquer ce dossier publiquement.
"Je peux me faire plaisir en donnant des leçons à la Chine en parlant à la presse française. Ça s'est beaucoup fait, ça n'a aucun résultat", a-t-il assuré.
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