Lundi, la Première ministre a commencé à modifier son équipe, sans toutefois toucher aux poids lourds ni changer l'équilibre entre partisans d'un Brexit radical et défenseurs d'une version plus douce.
Ce changement devait marquer un nouveau départ mais ses plans ont été contrariés par le refus de deux ministres de quitter leurs postes, lors d'une journée jugée "confuse" par la presse britannique.
"Pagaille" pour le tabloïd The Sun, "Confusion" pour le Guardian (centre-gauche), "remaniement chaotique" pour le Times (conservateur) : la presse n'était pas tendre pour la Première ministre. Le Daily Telegraph (conservateur pro-Brexit) affirmait même que "les espoirs de Theresa May d'affirmer son autorité par ce changement sont tombés à plat".
En cause, des accrochages avec deux ministres. Jeremy Hunt, que la Première ministre voulait nommer aux Entreprises, s'est accroché à la Santé, faisant plier Mme May, qui l'a maintenu à son poste.
Quant à la ministre de l'Education, Justine Greening, elle a refusé de changer de ministère et claqué la porte du gouvernement. "La Première ministre est déçue mais respecte sa décision de quitter le gouvernement", a indiqué lundi soir à l'AFP une source gouvernementale.
La journée avait mal commencé, le Parti conservateur félicitant Chris Grayling pour sa nomination à sa tête avant d'effacer son tweet: c'est en fait Brandon Lewis, qui a été nommé à ce poste. Il devient aussi secrétaire d'Etat sans portefeuille, en remplacement de Patrick McLoughlin.
Journée éprouvante
Lundi fut une "journée éprouvante" pour la Première ministre, résumait l'Express mardi.
Au final, les ténors du gouvernement sont restés en place, y compris le tempétueux ministre des Affaires étrangères Boris Johnson. Les ministres de l'Intérieur, des Finances, de la Défense, du Commerce et du Brexit restent inchangés.
Même Andrea Leadsom, leader de la Chambre des Communes, chargée des relations entre les députés et l'exécutif a été maintenue en poste, malgré le revers que les parlementaires ont récemment infligé à Theresa May. Le 13 décembre, 11 députés conservateurs avaient voté avec l'opposition et obtenu que le Parlement organise un vote sur les termes de l'accord final du Brexit, contre l'avis du gouvernement.
Dans l'opposition comme dans les rangs conservateurs, les critiques ont fusé. "Clairement, ce remaniement n'était pas une performance brillamment exécutée", a commenté l'ancien ministre conservateur Grant Shapps auprès de la BBC. "Je ne veux pas avoir l'air impoli ou déloyal mais il va falloir grandement améliorer le remaniement demain", tweetait lundi soir le député tory Nicholas Soames.
La marge de manoeuvre de la Première ministre est quoi qu'il en soit limitée, alors que les négociations avec l'Union européenne sur le Brexit vont reprendre: elle doit en effet maintenir l'équilibre entre partisans d'un Brexit dur et ceux qui souhaitent que le pays reste le plus proche possible de l'UE.
En outre, elle a déjà dû remplacer trois ministres en quelques semaines fin 2017, le dernier à partir étant le vice-Premier ministre Damian Green, sur fond de scandale sexuel.
Il est remplacé par David Lidington, jusqu'alors chargé de la Justice, un europhile qui aura pour tache de soutenir la Première ministre et le cabinet.
Malgré les critiques, le tout nouveau président du parti conservateur Brandon Lewis s'est voulu positif, affirmant mardi à la BBC qu'il y avait eu un "véritable afflux de nouveaux talents" lundi et qu'une "bonne bouffée d'air frais" arriverait avec les nouvelles nominations attendues mardi.
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