Convaincus qu'elle peut guérir les maladies ou apporter la bonne fortune, des hommes, des femmes et des enfants grimpent les uns sur les autres pour se jeter sur la statue du Christ à taille humaine, qui porte sur son épaule une grande croix noire.
Perchée sur un char tracté par des fidèles au moyen d'énormes cordes, elle a quitté pendant une journée la basilique du Nazaréen noir, dans le quartier de Quiapo, pour une lente procession d'une vingtaine d'heures dans les rues de la partie ancienne de Manille.
Des millions de personnes sont attendues sur son passage, selon la police, beaucoup scandant des "Viva" et tentant de toucher la statue avec un linge blanc, convaincus qu'il absorbera à son tour les pouvoirs miraculeux.
"C'est vraiment dur d'atteindre le Nazaréen. Je me suis fait écrabouiller, on m'a marché sur le visage, mais j'ai ma foi", a expliqué à l'AFP Honey Pescante, une femme au foyer de 24 ans de la province de Bataan, à l'ouest de la capitale de l'archipel à 80% catholique.
La statue est appelée le Nazaréen noir en raison de sa couleur sombre due, selon sa légende, à l'incendie du navire qui l'avait apportée du Mexique au tout début du XVIIe siècle.
Deux morts en 2016
Un demi-millier de personnes sont blessées chaque année lors de cette procession dans les bousculades autour de la statue. En 2016, deux personnes étaient décédées.
Un bilan qui est souvent rappelé par ceux qui dénoncent le fait que cette procession se rapproche trop de l'idolâtrie.
Les responsables de l'Eglise et certains sociologues expliquent de leur côté que cet événement est vécu comme un défi par les fidèles.
"Le catholicisme philippin suit l'idée que la présence de l'Esprit saint peut se ressentir par le corps" et la souffrance, explique à l'AFP Maria Yohana Frias, chercheuse en ethnologie au Musée national des Philippines.
"Pour certains, participer pieds nus à une procession est aussi une façon de tester sa foi", ajoute-t-elle.
La croyance dans les vertus miraculeuses de la statue a également été renforcée, au fil des siècles, par le fait qu'elle a survécu à de nombreux autres incendies et séismes, de même qu'au bombardement de Manille en 1945.
"Les Philippins qui viennent à Quiapo ont le sentiment d'être près du Seigneur, que le Seigneur les touche, les accompagne au travers de défis difficiles" explique le Père Marvin Cruz, vicaire de la paroisse de Quiapo.
Sur un trottoir, Julio Castillo, 61 ans, suivait mardi la procession assis dans son fauteuil roulant, après une double fracture des pieds lors d'un accident de moto le mois dernier.
"Je viens ici parce que j'ai la foi", explique-t-il.
"J'espère que ma famille demeurera en bonne santé et connaîtra la prospérité, que nous ne serons pas malade et que je vais guérir", liste-t-il.
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