"Je n'ai pas peur de la publication de ces pamphlets, mais il faudra soigneusement l'accompagner", a déclaré le chef du gouvernement dans un entretien au Journal du Dimanche.
"Il y a d'excellentes raisons de détester l'homme, mais vous ne pouvez pas ignorer l'écrivain ni sa place centrale dans la littérature française", a estimé ce féru de littérature.
Gallimard prévoit de publier, sous le titre "Écrits polémiques", un volume rassemblant les textes antisémites et racistes de Céline: "Bagatelles pour un massacre", "L'école des cadavres" et "Les Beaux draps".
Le préfet Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT, avait mis en garde Gallimard en décembre sur les risques d'une réédition, réclamant des "garanties" en matière d'accompagnement critique de l'ouvrage.
L'éditeur assure que son "intention est d'encadrer et de replacer dans leur contexte des écrits d'une grande violence, marqués notamment par la haine antisémite de l'auteur". L'appareil critique et l'avertissement seront établis par Régis Tettamanzi, un spécialiste de l'oeuvre célinienne, l'écrivain et membre de l'académie Goncourt Pierre Assouline signant la préface.
Défenseur de la cause des déportés juifs de France, Serge Klarsfeld, qui réclame l'interdiction de la réédition de ces pamphlets, s'est indigné des propos du chef du gouvernement.
"Il est probable que le Premier ministre n'a pas lu une seule page de ces abjects pamphlets anti-juifs", a réagi M. Klarsfeld dans un communiqué. "Sinon il n'aurait pas utilisé l'argument de la +place centrale+ de Céline dans la littérature française pour accepter la publication de ces pamphlets +soigneusement accompagnés+".
"Il n'est pas envisageable que la société politique française accepte la diffusion de tels textes nocifs et talentueux d'incitation à la haine raciale et à l'extermination des Juifs", a ajouté cet inlassable militant de la mémoire de la Shoah. "Nous ne laisserons pas republier de tels textes qui ont mené nos parents à la mort."
"Dans les universités, il n'y a pas de livres interdits", a réagi pour sa part la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dimanche sur France 3. "Ce qui est important évidemment, c'est qu'on explique le contexte, pourquoi ça a été écrit, qu'est-ce qu'on peut en penser".
Les trois textes antisémites, publiés entre 1937 et 1941, n'ont pas été réédités depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. On peut cependant les trouver assez facilement sur internet, sans appareil critique.
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