"On est clairement en présence d'un déblocage de la question constitutionnelle, ce qui n'est pas rien", s'est félicité Jean-Guy Talamoni, dirigeant du mouvement indépendantiste Corsica Libera et président de l'Assemblée de Corse.
Certaines revendications des nationalistes corses, comme la co-officialité de la langue corse et du français, exigent en effet une révision de la Constitution, ce que le Premier ministre Edouard Philippe avait semblé écarter le 12 décembre, en insistant sur le fait que que toutes les réformes à venir devraient être "conformes au cadre constitutionnel" existant.
"Un point de blocage juridique et politique a été aujourd'hui levé", a renchéri vendredi Gilles Simeoni, le patron du mouvement autonomiste Femu a Corsica, président du Conseil exécutif de la nouvelle Collectivité territoriale unique corse née le 1er janvier, en lieu et place de l'ancienne région et des deux départements.
Rester 'extrêmement prudents'
"Nous avons acté ensemble la nécessité d'inscrire notre dialogue dans la perspective de la révision constitutionnelle générale qui est prévue", a insisté M. Simeoni, faisant allusion à la révision constitutionnelle que pourrait proposer le chef de l'Etat au printemps pour un Parlement plus resserré et plus efficace.
Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur, n'a pas fait de commentaire après sa première rencontre avec les élus nationalistes, se réservant pour la conférence de presse annoncée à 16h30 à la préfecture. Elle a seulement salué les "discussions très intéressantes" avec MM. Talamoni et Simeoni, qui ont respectivement parlé d'une "ambiance positive" et d'un "état d'esprit extrêmement constructif".
Mardi, Gilles Simeoni, lors de son élection à la tête du conseil exécutif corse, avait regretté "un certain nombre de prises de positions directes et indirectes de membres du gouvernement, et notamment du Premier ministre (...) pas à la hauteur" des espérances des nationalistes corses.
"Si une Constitution ne permet pas de reconnaître un peuple, c'est à la Constitution de changer et pas au peuple de disparaître", avait-il dit.
Cette première prise de contact avec Mme Gourault, depuis l'écrasante victoire de la liste commune nationaliste Pè a Corsica (Pour la Corse) aux élections territoriales de décembre, avec 56,5% des suffrages, a permis de briser la glace.
Les élus nationalistes, qui attendent "un geste politique fort" de l'exécutif, pour reprendre la déclaration de Gilles Simeoni mardi, ont cependant tous deux prévenu qu'ils allaient rester "extrêmement prudents".
'Les points de blocage sont connus'
"Les points de blocage sont connus", a concédé M. Simeoni, avec notamment la question de la co-officialité du corse et du français, le statut de résident corse, qui, selon lui, doit permettre de protéger les insulaires de la spéculation immobilière, et l'amnistie des prisonniers dits "politiques". Le tout avec en ligne de mire un statut d'autonomie de plein droit d'ici trois ans, pour une application effective d'ici dix ans.
"Mais on ne commence pas une discussion en restant bloqué sur ce qui fait difficulté", a-t-il aussitôt ajouté.
Les deux dirigeants nationalistes seront reçus par le Premier ministre Edouard Philippe, le 22 janvier, à Matignon. Puis ce sera un rendez-vous avec le président du Sénat Gérard Larcher, à une date non encore précisée.
"A la fin de ce premier cycle de discussions, le président de la République aura l'occasion de s'exprimer pour donner sa vision de ce que doivent être les relations nouvelles entre la Corse et la République", a précisé Gilles Simeoni.
"En France, c'est le président de la République qui fixe le cap et qui, aujourd'hui, connaît le mieux le dossier corse", avait-il insisté mardi.
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