Le Nord a proposé de rétablir le canal de communication de Panmunjom, village frontalier où fut signé le cessez-le-feu de la guerre de Corée (1950-53). Il réagissait à une offre de dialogue de Séoul qui répondait lui-même à une main tendue du dirigeant nord-coréen.
Kim Jong-Un s'est servi lundi de son adresse du Nouvel An à la nation pour évoquer la possibilité de discussions bilatérales et expliquer que Pyongyang pourrait participer aux JO d'hiver de Pyeongchang, qui se tiennent du 9 au 25 février.
Ce geste d'ouverture rarissime survient dans un contexte de tensions croissantes dues à la multiplication des tirs de missiles balistiques et au sixième essai nucléaire de la Corée du Nord, qui poursuit ses ambitions militaires envers et contre tout.
Séoul a répondu en proposant la tenue de discussions de haut niveau le 9 janvier à Panmunjom sur les JO mais aussi "d'autres questions d'intérêt mutuel pour l'amélioration des relations intercoréennes".
Le dirigeant nord-coréen avait également profité de son discours du Nouvel An pour répéter que son pays était un Etat nucléaire à part entière, avertissant qu'il avait en permanence à sa portée le "bouton" atomique.
La déclaration a suscité un nouveau tweet de Donald Trump, dans son style très personnel.
"Le leader nord-coréen Kim Jong-Un vient d'affirmer que le +bouton nucléaire est sur son bureau en permanence+ (...) informez-le que moi aussi j'ai un bouton nucléaire, mais il est beaucoup plus gros et plus puissant que le sien, et il fonctionne!", a écrit le président américain.
Washington a également balayé la perspective d'un dialogue intercoréen.
'enfoncer un coin'
L'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley a jugé qu'il ne s'agirait que d'un simple "rafistolage". La porte-parole du département d'Etat Heather Nauer a estimé que M. Kim "pourrait être en train d'enfoncer un coin" entre Séoul et Washington.
Pyongyang n'a pas semblé ému par cette réaction, annonçant la réouverture du téléphone rouge avec Séoul à 06H30 GMT.
M. Kim a également "salué" le soutien apporté par Séoul à sa proposition, selon Ri Son-Gwon, chef du Comité nord-coréen pour la réunification pacifique de la Corée (CRPC).
Le Nord et Sud sont séparés depuis des décennies par la Zone démilitarisée (DMZ), l'une des frontières les plus fortement armées du monde. Les derniers pourparlers bilatéraux remontent à décembre 2015 et s'étaient soldés par un échec.
La ligne téléphonique de Panmunjon servait aux deux pays à faire le point deux fois par jour avant d'être coupée en 2016 suite à la détérioration des relations bilatérales consécutive à leur différend sur le complexe industriel conjoint de Kaesong.
Séoul a salué la décision du Nord de la rouvrir comme étant "très significative". "Cela créé un environnement où la communication sera possible à tout moment", a réagi le chef de la communication de la présidence sud-coréenne Yoon Young-chan.
Le président sud-coréen Moon Jae-In est de longue date partisan du dialogue mais Washington a toujours dit qu'il n'accepterait pas une Corée du Nord dotée de l'arme nucléaire.
Mme Haley a déclaré que Washington ne pouvait prendre les discussions intercoréennes au sérieux "s'ils ne font pas quelque chose pour interdire toutes les armes nucléaires en Corée du Nord".
Pyongyang soutient avoir besoin de l'arme atomique pour se protéger de l'hostilité de Washington.
Le Nord cherche à mettre au point une tête nucléaire capable de frapper le territoire continental américain. Il a essuyé de multiples trains de sanctions de l'ONU sans sembler vouloir céder le moindre pouce de terrain.
burs-amu/ev/cr
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Corée du Nord: un changement radical de la diplomatie américaine?
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