Interrogée par Ouest-France, la mère de 70 ans, vivant à Lorient (Morbihan), assure avoir eu sa fille au téléphone en fin de semaine dernière. "Détenue dans un camp kurde, elle a été interrogée et torturée", a-t-elle affirmé, appelant les autorités françaises à la "rapatrier" avec ses enfants.
Emilie König, dont l'arrestation a été révélée par RMC et BFMTV, se trouverait en compagnie de ses trois enfants nés en Syrie.
Elle s'était rendue en pionnière dès 2012 en Syrie. En septembre 2014, l'ONU l'avait placée sur sa liste noire des combattants les plus dangereux. Un an plus tard, les Etats-Unis l'enregistraient à leur tour parmi les "combattants terroristes étrangers" visés par des sanctions internationales.
Née à Lorient (Morbihan) d'un père gendarme, dernière d'une famille de quatre enfants élevés seuls par leur mère, Emilie König suit d'abord une scolarité normale avant de se convertir au contact de son premier mari, algérien d'origine, emprisonné pour trafic de drogue.
Elle apprend l'arabe, se fait appeler Samra et se voile entièrement. Puis elle entame sa radicalisation au contact du groupe islamiste nantais Forsane Alizza, désormais dissous. Dès 2010, portant le niqab, elle est repérée près de la mosquée de Lorient, où elle tente de distribuer des tracts appelant au jihad.
Au printemps 2012, convoquée au tribunal, elle refuse de retirer son niqab et provoque une altercation avec un vigile, qu'elle filme et poste sur YouTube.
Dans la foulée, elle laisse ses deux enfants en France et part rejoindre en Syrie son nouveau compagnon, qui sera tué ultérieurement.
Appels à attaquer les "ennemis"
Le nom d'Emilie König apparaît alors dans l'enquête judiciaire sur la filière dite "de Nîmes" (Gard), dont quatre membres ont été condamnés à 8 à 10 ans de prison en septembre à Paris.
Si elle ne prend pas part aux combats, dans un mouvement où les femmes n'y sont pas autorisées, Emilie König apparaît souvent dans des vidéos de propagande.
Dans l'une d'elles, postée à la mi-2013, elle adresse un message à ses enfants restés en France. "N'oubliez pas que vous êtes musulmans", dit-elle à ses fils, confiés à leur grand-mère. "Le jihad ne cessera pas aussi longtemps qu'il y aura des ennemis à combattre".
Les renseignements interceptent aussi les appels passés à ses contacts en France pour les inciter à attaquer les institutions françaises, ou à s'en prendre aux femmes de soldats français.
Alors que l'EI est en pleine déroute sur le terrain irako-syrien, une autre figure du jihadisme français a récemment été arrêtée: Thomas Barnouin, un Albigeois de 36 ans, est tombé à la mi-décembre aux mains des combattants kurdes en Syrie, où il était parti se battre en 2014.
D'après les services de renseignement français, "quelques dizaines" d'adultes français, combattants jihadistes ou leurs épouses, se trouvent actuellement dans des camps ou des prisons en Irak ou en Syrie.
Le cas des femmes accompagnées de leurs enfants est le plus épineux, et Emmanuel Macron a indiqué en novembre que leur sort serait examiné au "cas par cas".
Sur la situation actuelle d'Emilie König et de ses enfants, sa mère a déclaré dans Ouest-France: "Entassés dans des conteneurs, pas nourris, ils ont déjà dû déménager trois fois".
Selon elle, le précédent appel de sa fille remontait au mois de juillet 2017. "Sa maison venait d'être bombardée, Emilie avait été partiellement brûlée", dit-elle, présentant sa fille comme "repentie": "Elle voulait revenir, elle demandait pardon, à sa famille, à ses amis, à son pays. Elle regrettait tous ses propos et assurait vouloir payer sa dette en France."
La septuagénaire vient d'écrire au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, afin de lui demander de "rapatrier" sa fille et ses enfants.
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