Pour la quatrième nuit consécutive, les Iraniens sont de nouveau descendus dimanche soir dans la rue dans plusieurs villes du pays dont la capitale Téhéran pour protester contre le pouvoir et les difficultés économiques - chômage, vie chère et corruption.
Selon des vidéos mises en ligne par les médias iraniens et les réseaux sociaux, les manifestants ont attaqué et parfois incendié des bâtiments publics, des centres religieux et des banques ou des sièges du Bassidj (milice islamique du régime). Les manifestants ont aussi mis le feu à des voitures de police.
Au total six personnes ont été tuées et des centaines arrêtées depuis le début jeudi des manifestations sociales et antigouvernementales qui ont éclaté à Machhad (nord-est) avant de prendre de l'ampleur et de se propager à travers le pays.
Dimanche soir, deux manifestants ont été tués par balles durant les protestations à Izeh (sud-ouest), a déclaré le député local Hedayatollah Khademi cité par l'agence Ilna. Il a néanmoins dit ignorer "si les tirs provenaient des forces de l'ordre ou des manifestants".
Dans une autre ville touchée par les protestations, Doroud (ouest), deux personnes ont péri dimanche soir dans les violences. Des protestataires se sont emparés d'un camion de pompiers et l'ont lâché du haut d'une pente. Il a percuté leur véhicule et "les deux passagers ont été tués", a déclaré le préfet à la télévision.
Samedi, deux manifestants ont été tuées également à Doroud. Là aussi, un responsable a affirmé que les forces de l'ordre n'avaient pas tiré sur les protestataires.
Droit de manifester
Les manifestations ont eu lieu dimanche soir malgré le fait que les autorités ont limité l'accès aux réseaux sociaux, en bloquant sur les téléphones portables les messageries Telegram et Instagram, utilisées pour appeler à manifester.
Sortant de son silence après trois jours de contestation, M. Rohani a reconnu que l'Iran devait fournir "un espace" pour que la population puisse exprimer ses "inquiétudes quotidiennes", mais il a condamné les violences et la destructions des biens publics.
"Critiquer, c'est totalement différent que d'utiliser la violence", a-t-il souligné lors du Conseil des ministres. "Il faut même créer les conditions pour la critique, les protestations légales, y compris des manifestations et des rassemblements légaux. C'est le droit du peuple".
M. Rohani, élu pour un second mandant en mai dernier, a permis à l'Iran de sortir de son isolement avec la levée de sanctions internationales qui avaient été imposées pour dénoncer les activités nucléaires sensibles du pays.
Cette levée de sanctions avec la signature d'un accord historique avec les grandes puissances sur le programme nucléaire iranien avait fait espérer aux Iraniens une amélioration de la mauvaise situation économique, mais les fruits de cet accord se font toujours attendre.
Inédites depuis le mouvement de contestation contre la réélection de l'ex-président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad en 2009, violemment réprimé, les manifestations ont été émaillées depuis jeudi de violences avec des heurts entre manifestants et forces de l'ordre et des attaques contre les biens publics.
Plus de 400 arrestations
Des troubles ont eu lieu dans les villes de Nourabad, Doroud et Khoramabad "et des fauteurs de troubles ont été arrêtés", a déclaré Habibollah Khojastehpour, le vice-gouverneur de la province de Lorestan (ouest).
De petites manifestations se sont également déroulées à Kermanshah (ouest), Shahinshahr (près d'Ispahan), Takestan (nord), Zanjan (nord), Toyeserkan (ouest) et Nahavand où, selon des vidéos mises en ligne, des bâtiments publics, des banques ou des sièges du Bassidj (milice islamique) ont été attaqués par les manifestants.
A Téhéran, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser un petit groupe de manifestants qui lançaient des slogans hostiles au pouvoir dans le quartier de l'université de Téhéran.
Dans la capitale, 200 personnes ont été arrêtées. Quelque 200 autres ont été interpellées dans des villes de province, selon les médias.
S'en prenant de nouveau au régime en Iran, leur ennemi juré, les Etats-Unis ont apporté dimanche leur soutien "au droit du peuple iranien à s'exprimer pacifiquement et être entendu".
L'Iran a de son côté dénoncé les ingérences des Etats-Unis dans ses affaires.
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