"C'est mon premier réveillon avec nos forces et je suis extrêmement honorée de le passer ici avec vous", lance la ministre sous une immense tente aménagée pour l'occasion.
Sur les tables soigneusement dressées défilent des plats de fête: saumon, crevettes, poulet aux morilles, le tout arrosé de Saint Emilion. Et pour chacun, un Opinel, cadeau du ministère des Armées. Dehors, la pleine lune éclaire le camp retranché, planté dans une étendue désertique à 100 km de la frontière algérienne.
"Un Nouvel an à Tessalit, ça reste quelque chose d'unique, même si on est loin de chez soi", explique le chef du poste avancé de Tessalit, le capitaine Etienne (les noms de famille restent confidentiels pour des raisons de sécurité). "Notre famille à nous, ce soir, c'est Tessalit, même si on n'oublie pas les nôtres qui sont en France."
Sur un toit à proximité, le 1ère classe dit "Le Corse" monte la garde alors que les festivités battent leur plein. "On ira les rejoindre dès qu'on sera relevé, c'est une question de patience", sourit-il. "On aimerait bien être avec la famille en France à discuter, ça fait bientôt quatre mois qu'on est ici mais bon, en même temps, ici, c'est ma deuxième famille".
pause festive
A l'approche de minuit, le compte à rebours est lancé. "3, 2, 1, Bonne année!": la petite foule en treillis s'embrasse et s'échange des voeux. Une pause festive dans le quotidien des soldats de Barkhane, qui continuent de traquer les jihadistes au Mali. Les groupes armés, dispersés lors de l'intervention française Serval en 2013, ont retrouvé un nouveau souffle dans le nord du pays malgré la présence de 12.000 Casques bleus (Minusma) et de la force française Barkhane, qui compte 4.000 hommes dans la région.
Multipliant les attaques meurtrières contre ces forces et l'armée malienne, ils ont étendu en 2017 leurs actions au centre et sud du Mali, à la frontière avec le Niger et le Burkina Faso, qui sont aussi régulièrement touchés.
"Ici, notre objectif principal est de neutraliser les groupes armés terroristes qui sévissent dans cette partie du Mali et utilisent l'adrar des Ifoghas, cette zone montagneuse qui jouxte Tessalit, comme zone refuge", souligne le colonel Régis Anthonioz, commandant du groupement blindé "Dauphin". "Nous sommes au contact d'un ennemi invisible qui nous harcèle, avec des tirs mortier, des roquettes ou des engins explosifs artisanaux, à fréquence mensuelle, bimensuelle. Mais depuis 2013 ces groupes ont été considérablement amoindris", assure-t-il.
Le pari de la France, désormais: accompagner la nouvelle force conjointe du G5 Sahel (Mali, Tchad, Niger, Burkina Faso, Mauritanie) pour que ces pays prennent en charge, à terme, leur propre sécurité, a rappelé Florence Parly. "Barkhane aujourd'hui change de visage. La France sera présente aussi longtemps que nécessaire, mais la présence de la France n'est pas éternelle. Le Sahel doit prendre sa sécurité en main et nous sommes là, vous êtes là, pour les aider".
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