Pour Justin Trudeau, cette présidence arrive au moment où toutes les énergies de son gouvernement sont absorbées depuis des mois par la difficile renégociation de l'Accord de libre-échange nord-américain (Aléna) avec les Etats-Unis et le Mexique, exigée par le président Trump dans un contexte de protectionnisme américain.
Egalité des sexes, changements climatiques et croissance économique "qui profite à tout le monde" sont les priorités de la présidence canadienne pour le sommet des sept pays les plus développés (Etats-Unis, Allemagne, Japon, Royaume-Uni, France, Canada et Italie).
Le Premier ministre canadien veut "trouver des solutions concrètes" à tous ces problèmes quand il réunira les six autres chefs d'Etat ou de gouvernement les 8 et 9 juin à La Malbaie, petite ville de la région touristique du Charlevoix à 150 km au nord-est de la ville de Québec, classée réserve mondiale de la biosphère par l'Unesco.
Dans ce paysage idyllique entre mer et montagne, où le fleuve Saint-Laurent embrasse l'océan, la question du réchauffement climatique s'annonce à nouveau comme la pomme de discorde majeure du sommet, selon John Kirton, directeur du groupe de recherche sur le G7 à l'université de Toronto.
Au dernier G7 de Taormina (Italie), Donald Trump avait fait cavalier seul avant d'annoncer, par la suite, le retrait des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat.
Cherchant d'avance à dissiper les tensions, le Canada propose d'élargir la discussions sur les changements climatiques aux "océans et énergies propres", selon les services de M. Trudeau.
"Le mot +océan+ est très à propos", relève pour l'AFP John Kirton au moment où le niveau des mers est en hausse partout dans le monde et que des ouragans ont provoqué des inondations majeures cet été au Texas et en Floride, et des dégâts majeurs dans plusieurs îles des Caraïbes.
'Trump aime Trudeau'
Avec toutes les grandes villes américaines "vulnérables" face à la montée des eaux, "sauf Chicago", l'attitude aux Etats-Unis vis à vis des changements climatiques "est en train de se modifier au niveau des Etats et cela va rapidement remonter vers le Congrès, à l'approche des élections de mi-mandat" (ndlr: en novembre), croit-il.
Donc, "rien n'est encore joué".
"Trump aime Trudeau. Il va donc écouter, il s'agit juste pour le Premier ministre de trouver le moyen de changer la façon de penser de Trump", pense M. Kirton.
Si, par chance, la renégociation de l'Aléna était bouclée, alors le Premier ministre canadien pourrait mettre à profit son pouvoir de "persuasion" pour convaincre son homologue américain de "s'attaquer aux changements climatiques" ajoute John Kirton.
Un exercice difficile pour le Canada, lui-même loin d'être exempt de tout reproche, entre l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre et l'exploitation toujours plus importantes des sables bitumineux de l'Alberta (ouest), a noté mi-décembre l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE).
La grande cause de Justin Trudeau au G7 sera l'égalité des sexes pour laquelle, dès son arrivée au pouvoir, il a donné l'exemple, avec un gouvernement à parité et en cherchant, au fil des nominations, à approcher l'équilibre des genres à la fois au Sénat ou à la Cour suprême.
Les révélations en cascade d'accusations de harcèlement sexuel ces derniers mois, depuis la chute du producteur hollywoodien Harvey Weinstein, donnent encore plus de relief à la protection des femmes.
Le Canada a "une position unique" pour faire avancer cette cause, avait assuré Justin Trudeau en dévoilant ses priorités pour la présidence du G7.
Et l'égalité des sexes va bien au-delà de la seule sphère économique. "Ivanka Trump a déjà vendu l'idée à son père", souligne John Kirton.
D'autres dossiers s'imposeront à la présidence canadienne, comme le dossier du nucléaire nord-coréen. Sans attendre la réunion formelle en juin des dirigeants du G7, le Canada et les Etats-Unis travaillent main dans la main à un règlement de la crise, avec dès le 16 janvier à Vancouver (ouest), la réunion d'une vingtaine de ministres des Affaires étrangères.
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