Des dizaines de hazaras, l'unique ethnie chiite du pays, ont assisté à la mise en terre de Mohammad Sharif Akhlaqi, un diplômé de sciences politiques, dans un cimetière perché sur une colline pelée des abords de la capitale afghane.
Certains se sont jetés sur le sol durci par l'hiver alors que son corps était posé dans sa tombe. D'autres n'en avaient pas la force. Leurs épais manteaux et les couvertures les protégeant du froid ne réussissaient pas à dissimuler leurs brûlures causées par l'attaque de jeudi.
"Ce n'est pas la première et ce ne sera pas la dernière", a pesté un mollah en charge des funérailles. "Réveillez-vous ! Vous devriez vous occuper de vous-mêmes car le gouvernement n'a rien fait pour nous", a-t-il lancé.
La complainte est récurrente au sein de la communauté chiite, cible désignée du groupe Etat islamique, arrivé en 2015 en Afghanistan. Depuis sa première attaque en juillet 2016 dans Kaboul, le groupe armé islamiste a tué des centaines de chiites et en a blessé davantage encore.
"Nous en avons marre de l'insécurité dans ce pays", a vitupéré un participant à d'autres funérailles, interrogé par la chaîne de télévision Tolo news. Et d'adresser un ultimatum au gouvernement : "Soit vous nous protégez, soit vous démissionnez".
Les chiites sont très minoritaires en Afghanistan : environ trois millions sur une population totale de 30 millions.
Année meurtrière
L'année 2017 a été particulièrement meurtrière pour les civils afghans, avec un nombre de victimes qui s'annonce parmi les plus élevés depuis la chute des talibans en 2001 et l'arrivée d'une coalition internationale menée par les Etats-Unis, partie en 2014.
Plus de 8.000 civils ont été tués ou blessés du fait du conflit sur les neuf premiers mois de l'année, selon la mission de l'ONU en Afghanistan (Manua).
Les 11.418 victimes - dont quelque 4.500 tués - recensées en 2016 constituaient déjà un record depuis que l'ONU recense le pertes civiles en 2009.
Avec le retrait des forces occidentales, les forces de sécurité afghanes peinent à contrer les talibans, en pleine résurgence, qui sont encore responsables de la majorité des attaques et des victimes dans le pays.
Mais l'EI, dont la province du Nangarhar (Est), frontalière avec le Pakistan, est le bastion, cherche à élargir sa présence sur le reste du territoire, notamment à Kaboul, en dépit des campagnes de bombardement menées par l'armée américaine, dont 14.000 hommes sont déployés en Afghanistan.
En 2017, l'Etat islamique a donc revendiqué 14 attaques dans la capitale, dont cinq anti-chiites, en comptant celle de jeudi.
Parmi les 120 victimes du centre culturel chiite visé par un kamikaze figuraient des journalistes de l'Afghan voice agency, un média anti-EI basé dans le même immeuble.
L'assaillant s'est fait exploser parmi une centaine de personnes réunies à l'occasion du 38e anniversaire de l'invasion soviétique en Afghanistan, fin décembre 1979. Depuis lors, le pays n'a connu que la guerre.
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