La CFDT a annoncé son décès dans un communiqué dimanche, en saluant la mémoire d'un "grand militant". "Jacques Chérèque, un homme remarquable et un syndicaliste authentique nous a quittés. La CFDT est une nouvelle fois en deuil en 2017", a tweeté son secrétaire général, Laurent Berger.
Jacques Chérèque est la troisième personnalité marquante de la centrale syndicale à disparaître cette année : son fils François Chérèque, qui fut secrétaire général de la CFDT de 2002 à 2012, est mort le 2 janvier dernier à 60 ans des suites d'une longue maladie. Et Edmond Maire, secrétaire général de 1971 à 1988, et dont Jacques Chérèque a été le secrétaire général adjoint, est décédé le 1er octobre à 86 ans.
"Grande tristesse d'apprendre le décès de Jacques Chérèque, un militant extraordinaire qui n'a jamais oublié ses valeurs et les a mises en pratique tout au long de sa vie", a réagi sur Twitter la maire PS de Lille Martine Aubry, ancienne ministre du Travail.
Jacques Chérèque "a servi son pays en défendant des idées comme syndicaliste, élu régional et ministre. Dans toutes ses fonctions, il n'a jamais cessé d'être un militant", a tweeté François Hollande, tandis que le secrétaire général de FO, Jean-Claude Mailly, a salué "un militant convaincu".
Dans un communiqué commun, la confédération CFDT, la Fédération générale des Mines et de la Métallurgie CFDT, la CFDT-Lorraine et la CFDT Grand Est saluent "un grand syndicaliste, profondément attaché à l'industrie et au territoire".
D'ouvrier à ministre
Né à Dijon le 9 septembre 1928, Jacques Chérèque entre dans la vie active en 1949 comme ouvrier spécialisé (OS) aux aciéries de Pompey (Meurthe-et-Moselle). Grâce à la formation professionnelle, il devient agent de maîtrise, puis chef de fabrication à 35 ans.
Il adhère à la CGC, puis à la CFTC. Après la scission de 1964, qui voit naître la CFDT, il occupe des postes de responsabilité à la Fédération de la métallurgie CFDT, dont il devient secrétaire général en 1971. Il joue un rôle important comme négociateur de la CFDT dans le conflit LIP en 1973/74.
En 1979, il accède au poste de secrétaire général adjoint de la confédération chargé du secteur international, aux côtés d'Edmond Maire. "À ce titre, il se lie d'amitié avec de grands syndicalistes tels que Lech Walesa en Pologne ou Lula au Brésil", rappelle la CFDT.
Il est aussi un acteur essentiel du recentrage "réformiste" de la CFDT. Dans ses mémoires, parus en 2007, il se souvient d'une confédération très à gauche dans les années 70, où les nuances portent sur les "différentes manières d'envisager la lutte anticapitaliste".
M. Chérèque entame parallèlement une carrière politique. Adhérent au PSU, qu'il quitte pour s'inscrire au PS en 1970, il sera un des organisateurs des Assises du socialisme de 1974, ce qui lui vaudra d'être pressenti pour le poste de ministre du Travail en 1981.
En mai 1984, il devient préfet délégué pour le redéploiement industriel en Lorraine, fonction dans laquelle il est confirmé lors du changement de majorité en 1986. Ce personnage haut en couleurs, à la moustache tombante, surnommé "le gros", accomplit alors en Lorraine, région sinistrée par la crise, un énorme travail de reconversion.
Il conduit des opérations de redéploiement industriel qui font qu'"aujourd'hui, par exemple, la zone de Pompey, qui comptait 2.000 salariés à la fermeture des hauts-fourneaux, en compte 4.000", rappelle la CFDT.
De mai 1988 à mai 1991, il continue son action comme ministre délégué, chargé de l'Aménagement du territoire et des reconversions, dans les premier et second gouvernements Rocard.
Jacques Chérèque était pour la CFDT "un grand militant qui a eu le cran de comprendre que l'avenir de la région Lorraine pouvait passer par une fermeture d'usine, à condition que l'on sache anticiper, reconvertir et bien sûr se battre".
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