Sept moteurs, quatre hélices et une coque profilée jaune, comme le sous-marin de la chanson des Beatles: "iBubble", avec sa caméra et ses phares intégrés, n'est encore qu'un prototype.
Mais ses promoteurs --dix ingénieurs sous la houlette d'un jeune directeur général de 39 ans, Nicolas Gambini, formé à Supélec et transfuge du Technocentre de Renault-- assurent en avoir déjà pré-vendus plusieurs centaines.
Au prix de 2.700 à 3.600 euros l'unité, les acheteurs sont "des centres de plongée, des apnéistes, des bateaux, des hôtels", indique Benjamin Valtin, ex-informaticien mordu d'océanographie qui a rejoint l'aventure en qualité de directeur marketing.
Sur le port de Nice, peu avant Noël, Nicolas Gambini, bidouille un boîtier avec de la graisse de silicone, sans tomber le costume pour cause de rendez-vous "important" dans la foulée à Monaco. L'entreprise n'a pas deux ans d'existence, mais elle vient de lever 800.000 euros en juin.
Côté marketing, on est déjà en tenue de plongée, prêt pour un nouvel essai en mer: "La première caméra", détaille Benjamin Valtin, "c'est une Go Pro ou une caméra d'action qu'on monte sur le drone pour le film. La seconde, c'est l'oeil du drone. Elle est exploitée pour suivre le plongeur et le cadrer. Elle pourra aussi suivre un animal, un requin, une tortue, mais ce n'est pas pour tout de suite".
'Grande liberté'
Assis dans le Zodiac, bouteille dans le dos et tournevis en main, il change la batterie de l'appareil posé sur ses genoux: 7,5 kilos de technologie miniaturisée, maniable avec des poignées et testée depuis deux ans à Grenoble.
A ses côtés, le champion d'apnée Guillaume Nery, partenaire du projet, se régale. C'est la deuxième fois qu'il teste le prototype, et il a l'impression de décrocher la lune car le drone, pilotable sous l'eau avec un boîtier manuel, le suit désormais comme son ombre à trois mètres de distance et permet de réaliser des mouvements de caméra très aériens.
Auteur de nombreux films tournés avec sa compagne, il attend beaucoup du drone: "Dans l'eau, c'est quasiment impossible d'avoir ça, car le plongeur avec une bouteille est très statique et il a du mal à avoir une grande liberté de mouvements, et donc très souvent, sous l'eau, le caméraman laisse son sujet tourner autour de lui. Moi, ce qui m'intéresse, c'est l'inverse".
"Je n'ai qu'une hâte, c'est d'essayer ce truc!", renchérit un autre parrain du projet, le cinéaste Didier Noirot, qui pour l'instant n'a vu que la vidéo d'un essai en piscine. Cet ancien membre de l'équipage de Jacques Cousteau rappelle qu'à l'époque, et encore dans les années 1980, les tournages sous l'eau se faisaient avec des pellicules d'une durée de trois à 10 minutes.
Le numérique n'existait pas, il était impossible de visionner à bord et il fallait attendre 15 jours que le film soit développé en laboratoire. "Un tel outil, ça ne nous venait même pas à l'idée --et pourtant Dieu sait que Cousteau était visionnaire. Il a quand même inventé le scaphandre autonome!", dit-il, convaincu de l'avenir commercial de "iBubble".
"Regardez, le marché du drone c'est énorme, et dans l'espace marin, vous pouvez filmer n'importe où sauf dans les réserves où il faut une autorisation. Et le jour où le +bestiau+ pourra filmer tout seul (sans personne palmant à côté, ndlr), ça va tout révolutionner!".
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