Quelque 3.000 personnes ont manifesté devant le siège du haut commandement des forces armées dans la capitale pour protester contre "les assassinats, les agressions physiques, les persécutions" commises selon l'opposition par les forces de sécurité depuis l'élection présidentielle du 26 novembre.
Des manifestants portaient des croix de bois sur lesquelles étaient inscrits des noms de victimes de la répression.
Manuel Zelaya, ancien président hondurien et coordonnateur de l'Alliance de l'opposition contre la dictature, une coalition de gauche, a pris la parole devant la foule. Il a appelé les militaires à "faire en sorte que les droits du peuple et notre démocratie soient respectés".
L'ONU et la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH) ont dénoncé mercredi la mort de 12 personnes et l'arrestation de centaines d'autres lors des manifestations qui ont suivi la réélection de M. Hernandez.
'Usage excessif de la force'
"Nous sommes préoccupés par l'usage excessif de la force utilisée pour disperser les manifestations, ce qui a conduit à la mort de 12 manifestants, alors que des dizaines d'autres ont été blessés et des centaines de personnes arrêtées", ont déclaré les deux organisations dans un communiqué commun.
De nombreux manifestants "ont été transférés dans des installations militaires où ils ont été brutalement battus, insultés et parfois torturés", selon l'ONU et la CIDH.
Le président sortant de droite Juan Orlando Hernandez a été officiellement déclaré dimanche vainqueur du scrutin du 26 novembre avec 42,95% de voix contre 41,42% au candidat de la coalition de gauche, Salvador Nasralla, un populaire animateur de télévision sans expérience politique.
L'opposition conteste ce résultat qui est selon elle entaché de fraude, et elle exige une nouvelle élection présidentielle.
Pour sa part, M. Hernandez appelle au dialogue et a inauguré mercredi une table ronde avec des représentants de divers secteurs de la société hondurienne afin de préparer le "grand dialogue national" qui doit selon lui permettre de sortir de la crise politique dans laquelle le pays est plongé depuis le scrutin de novembre.
Salvador Nasralla, que l'opposition considère comme le véritable vainqueur de l'élection, est rentré mercredi à Tegucigalpa après un séjour à Washington. Il y a rencontré le secrétaire général de l'Organisation des Etats américains (OEA) Luis Almagro et des fonctionnaires du département d'Etat pour leur présenter des preuves de la fraude survenue selon l'opposition lors de l'élection présidentielle.
M. Nasralla n'a accepté de dialoguer avec M. Hernandez que s'il s'agit de convoquer une nouvelle élection, une idée rejetée par le Parti national (PN) de M. Hernandez.
M. Nasralla a rappelé mercredi que le secrétaire général de l'OEA s'était prononcé pour un nouveau scrutin présidentiel. Cette hypothétique élection aurait lieu en janvier avec la participation d'organisations internationales.
Les Etats-Unis, pour leur part, restent réservés. "A ce stade, nous n'avons rien vu dans les rapports des deux missions d'observation" de l'OEA et de l'Union européenne "qui remette en cause le résultat final" de l'élection, a déclaré un responsable du département d'Etat.
La victoire de M. Hernandez a déjà été reconnue par l'Espagne, la Colombie, le Guatemala, Israël et Taïwan.
Blocages
Les manifestations et blocages de rues et de routes déclenchés par l'annonce dimanche de la victoire de M. Hernandez, après trois semaines d'incertitude, n'ont pas cessé depuis. Mercredi, la police a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser un rassemblement à Hato de Enmedio, un quartier de l'est de la capitale.
Dans le nord du pays, de nombreux vols ont été annulés depuis lundi à l'aéroport de San Pedro Sula en raison de blocages de rues qui empêchent les employés de se rendre à leur travail.
Les ministres de la Défense, Freddy Diaz, et de la Sécurité, Julian Pacheco, ont annoncé à la presse une recrudescence des mesures contre les blocages imposés par les manifestants.
M. Zelaya, le coordonnateur de l'opposition, a annoncé que les opposants défileraient jeudi vers l'ambassade des Etats-Unis.
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