Ryad dirige depuis 2015 une coalition militaire qui intervient, notamment par les airs, contre les rebelles Houthis au Yémen. Ceux-ci occupent de larges pans du pays -dont la capitale Sanaa- depuis qu'ils en ont chassé les forces progouvernementales.
L'Arabie saoudite sunnite accuse son grand rival régional, l'Iran chiite, de soutenir militairement les Houthis, issus de la minorité zaïdite (branche du chiisme), ce que Téhéran a de nouveau "fermement" démenti mercredi.
Pour la deuxième fois en moins de deux mois, les Saoudiens ont intercepté mardi un missile balistique tiré du Yémen en direction de leur capitale, accusant immédiatement les Houthis et l'Iran, à l'instar de leur allié américain.
Mercredi, dans le fief rebelle de Saada (nord), non loin de la frontière saoudienne, 11 personnes ont été tuées dans une frappe aérienne de la coalition emmenée par Ryad, selon un chef tribal local et la télévision Al-Massira, contrôlée par les Houthis.
La même coalition a par ailleurs mené au cours de la même journée des raids aériens contre d'autres positions des Houthis près de Sanaa, la capitale, d'après des témoins et une source de sécurité proche des rebelles.
Des sources médicales et de sécurité à Sanaa n'ont pas pas en mesure de dire dans l'immédiat s'il y avait des victimes.
L'agence de presse Saba, proche de la rébellion, a de son côté affirmé que 38 personnes, dont des femmes et des enfants, avaient été tuées ou blessées dans une série de frappes menées ces dernières heures dans plusieurs secteurs du pays.
Ce bilan, qui n'a pas pu être confirmé de source indépendante, n'inclut pas les 11 personnes tuées dans le raid à Saada, fournit ultérieurement.
'Aucune relation d'armement'
Téhéran a "fermement" démenti mercredi matin l'accusation saoudienne au sujet du missile tiré la veille depuis le Yémen, qualifié "d'Irano-Houthi" par Ryad, ainsi que l'accusation américaine sur une violation de l'embargo sur la fourniture d'armes au Yémen.
"Nous n'avons aucune relation d'armement avec le Yémen (...). Nous rejetons l'accusation selon laquelle l'Iran fournit des armes à différents groupes (au Moyen-Orient) et nous la démentons fermement", a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Bahram Ghassemi, selon l'agence Isna.
Téhéran affirme que le "blocus" imposé par la coalition au Yémen, qui a été renforcé après le tir d'un premier missile balistique vers Ryad début novembre, rendait impossible toute livraison d'armes.
Ce renforcement a suscité l'inquiétude des organisations humanitaires quant à la situation humanitaire déjà catastrophique au Yémen, où le conflit a fait plus de 8.750 morts, dont de nombreux civils, selon l'ONU.
En outre, plus de 2.000 personnes sont mortes du choléra dans ce pays qui vit "la pire crise humanitaire de la planète", toujours d'après les Nations unies.
'Appel des 1.000 jours'
Le blocus a depuis été allégé à la suite de fortes pressions internationales. Mercredi, la coalition menée par Ryad a ainsi assuré dans un communiqué que le port de Hodeida, sur la mer Rouge, resterait ouvert "pour une période de 30 jours" pour la fourniture de l'aide humanitaire, et l'entrée des bateaux commerciaux transportant notamment nourriture et carburant.
Quand ils ont commencé à faire mouvement vers la capitale Sanaa en 2014, les Houthis disaient qu'ils voulaient protester contre leur marginalisation par les autorités.
Après leur prise de Sanaa, ils ont fait marche sur la grande ville portuaire d'Aden, mais ont été repoussés du sud du pays par les forces progouvernementales aidées par la coalition arabe.
Le mois dernier, ils ont éliminé leur ancien allié, l'ex-président Ali Abdallah Saleh, qui avaient fait un geste en direction de Ryad.
Alors que les appels à un cessez-le-feu se multiplient, l'actuel président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, en exil à Ryad, a affirmé mercredi qu'il n'y aurait pas de dialogue tant que les insurgés ne déposeraient pas les armes.
"Nous n'avons pas de partenaire avec qui on pourrait parvenir à la paix", a déclaré le président Hadi lors d'une rencontre mardi soir avec des ambassadeurs dans sa résidence à Ryad.
Dans un "appel des 1.000 jours pour le Yémen" lancé mardi, environ 350 personnalités mondiales, dont des prix Nobel, ont eux souligné "la responsabilité particulière" dans la crise yéménite "de la France, des Etats-Unis et du Royaume-Uni", à la fois "membres permanents du Conseil de sécurité (...) et principaux fournisseurs d'armes à l'Arabie saoudite (...)".
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