"C'est le pire qui puisse arriver quand on est parent: perdre un enfant. En plus à la veille de Noël...", indiquent d'une même voix Séverine et son mari Christian, accompagnés de leur fils de 10 ans, venus se recueillir par "solidarité avec les parents" des victimes.
La conductrice est interrogée sous le régime de la garde à vue à la gendarmerie de Perpignan, selon une source proche de l'enquête. Blessée lors de la catastrophe du 14 décembre, elle avait déjà été entendue brièvement au lendemain de l'accident.
Cette quadragénaire, mère de famille, a toujours assuré que les barrières étaient "levées". Au lendemain du drame, elle avait affirmé à son employeur avoir "traversé en toute confiance et en toute sérénité le passage à niveau, barrières ouvertes et feu clignotant éteint". Elle est assistée par Me Jean Codognès.
Mais les "constatations matérielles" vont "plutôt dans le sens d'une barrière (du passage à niveau) fermée", a indiqué mardi le procureur de Marseille, Xavier Tarabeux, en charge des investigations.
Le conducteur du TER assure, lui aussi, que les barrières étaient fermées. Tout comme les conducteurs des véhicules qui se trouvaient de l'autre côté de la voie, c'est-à-dire face à l'autocar.
A 16H03, le 14 décembre, le car de ramassage scolaire, avec à son bord 23 collégiens avait été percuté à un passage à niveau à Millas par un TER qui roulait à 75 km/h, pour une vitesse autorisée de 100 km/h.
Selon l'analyse du tachygraphe, l'autocar qui débouchait d'un virage avançait lui à 12km/h. Sous la violence du choc l'autocar a été coupé en deux. Le pronostic vital de cinq enfants reste engagé. Il s'agit d'un des accidents les plus graves pour des véhicules transportant des enfants depuis le drame de Beaune en 1982 (53 morts, dont 44 enfants).
Des traces, à hauteur "pratiquement de la barrière", ont par ailleurs été relevées sous le phare avant droit du bus, selon le procureur. L'interrogatoire de la conductrice devra aussi permettre de savoir si ces traces procèdent ou non d'un accrochage antérieur.
'ça touche tout le monde'
Dans le même temps, une chapelle ardente a été aménagée dans le petit village de Saint-Féliu-d'Avall, d'où étaient originaires tous les collégiens tués et blessés.
Des hauts parleurs installés dans le parc de jeux pour enfants situé devant la salle polyvalente diffusent de la musique classique. De nombreuses personnes, la plupart habillées de noir, certains portant des bouquets de fleurs blanches, arrivaient en silence.
Quatre cercueils blancs sont posés devant l'estrade de la salle polyvalente. A gauche des cercueils, une photo, celle de Yonas, dont les obsèques seront célébrées mercredi. Devant chaque cercueil, une photo de l'enfant décédé, quatre garçons.
Entre les cercueils, des couronnes de fleurs blanches ont été déposées. A côté de celui de Loïc, fan de foot, une couronne de fleurs aux couleurs du maillot du Barça. Une collégienne a été inhumée dès lundi.
René et sa belle-soeur Annie sont venus s'incliner depuis Pézilla-la-rivière: "venir aujourd'hui, on le ressent comme une obligation morale. Cette mort, ça touche tout le monde. On se met à la place de la famille. On a des petits-enfants qui sont de leur âge".
Pour Séverine et Christian, venus du village voisin de Cabestany, la conductrice du car "n'y est pour rien": "vivre avec la disparition de ces enfants, elle doit forcément se sentir responsable, c'est un fardeau qu'elle portera toute sa vie".
Les obsèques de quatre enfants auront lieu jeudi à 09H30 dans cette même salle, fermée à la presse. La "célébration sera retransmise sur grand écran à l'extérieur de la salle polyvalente pour tous ceux qui souhaitent s'associer", selon la préfecture. Les inhumations auront lieu dans la plus stricte intimité familiale.
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