"En tant que président élu, je tends la main et j'ouvre mon esprit pour écouter attentivement l'autre camp et trouver, dans un large dialogue, un accord national qui permette de consolider la paix et la sécurité" afin de construire "un nouveau Honduras", a déclaré M. Hernandez, 49 ans, dans un discours diffusé à la télévision et à la radio.
Cet appel du président de droite a été rejeté par Manuel Zelaya, coordonnateur de l'Alliance d'opposition à la dictature, la coalition de gauche dont le candidat à l'élection présidentielle du 26 novembre était Salvador Nasralla, 64 ans, un populaire animateur de télévision sans expérience politique.
L'opposition, a déclaré M. Zelaya, n'acceptera un dialogue avec M. Hernandez que "pour que soit reconnue la victoire de Nasralla" à la présidentielle.
M. Nasralla, qui se trouvait à Washington pour des entretiens à l'Organisation des Etats américains (OEA) et au département d'Etat, a précisé ses objectifs.
"Oui, je veux participer au dialogue (avec M. Hernandez) pour qu'il comprenne qu'avec lui au pouvoir pendant quatre ans et tout le peuple contre lui, le pays sera ingouvernable", a-t-il déclaré à l'AFP.
'Une nouvelle élection'
Lors d'une conférence de presse, M. Nasralla a exigé une nouvelle élection. "Ce que la communauté internationale, les Etats membres de l'OEA et les Etats-Unis doivent comprendre, c'est que la sortie de cette crise au Honduras nécessite un processus immédiat de négociations, sous la médiation de la communauté internationale, concernant trois points-clés: quand, comment, et sous quelles conditions nous aurons au plus vite la possibilité de procéder à une nouvelle élection présidentielle", a-t-il dit.
En attendant, il a demandé à la communauté internationale, à l'OEA et à Washington de ne pas reconnaître le scrutin et le nouveau mandat de M. Hernandez et les a appelés à "suspendre leur aide extérieure à un gouvernement non-constitutionnel".
M. Nasralla est venu à Washington pour dénoncer la "fraude monumentale" commise selon l'opposition lors du scrutin du 26 novembre. Il a déclaré lundi en avoir présenté les "preuves" au secrétaire général de l'OEA, Luis Almagro.
M. Almagro a estimé qu'il y avait trop de zones d'ombre dans ce scrutin pour qu'il soit valable et s'est prononcé pour une nouvelle élection.
Deux porte-parole du Parti national (PN) de M. Hernandez ont exclu l'idée d'un nouveau scrutin.
M. Hernandez a été déclaré officiellement vainqueur de l'élection dimanche par le Tribunal suprême électoral (TSE) avec 42,95% de voix contre 41,42% à M. Nasralla.
Après le scrutin, lors de la publication de résultats partiels portant sur 57% des bulletins, M. Nasralla était apparu avec une nette avance sur son adversaire. Mais M. Hernandez avait pris l'avantage après une série d'interruptions dans le système de comptage du TSE.
Décision controversée
Par ailleurs, M. Hernandez, président sortant, s'était présenté en vertu d'une décision controversée du Tribunal constitutionnel, alors que la Constitution ne prévoit pas cette possibilité.
Après la proclamation officielle faite dimanche par le TSE, des opposants ont bloqué des rues dans toutes les régions du Honduras et ont affronté les policiers et les militaires qui utilisaient du gaz lacrymogène pour les disperser.
Les manifestations ont cessé mardi dans la capitale Tegucigalpa, mais se sont poursuivies de manière sporadique dans le nord du Honduras. Il y a eu des blessés en nombre indéterminé dans chacun des deux camps.
Dans la nuit de mardi à mercredi, des manifestants ont bloqué des rues à Tegucigalpa et dans des localités du nord du pays.
A El Hato, un quartier populaire de l'est de la capitale, des manifestants ont brûlé des pneus et bloqué la circulation en scandant des slogans contre la réélection de M. Hernandez.
"Nous continuons à exprimer notre indignation, pour le moment de manière pacifique", a déclaré à l'AFP un manifestant au visage masqué devant une barricade enflammée.
"Nos marches ont toujours ce caractère" pacifique "jusqu'au moment où apparaissent les organes répressifs de l'Etat au service du président, qui est en train de voler l'élection", a-t-il dit.
Les violences qui ont débuté juste après le scrutin du 26 novembre ont fait 14 morts selon Amnesty International et 24 morts selon l'opposition hondurienne.
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