Le scrutin dans cette riche région du nord-est de l'Espagne aura été précédé d'une campagne opposant un camp "espagnoliste" ultra-mobilisé et des indépendantistes qui accusent l'Etat de chercher à les museler en les poursuivant pour rébellion et sédition après leur tentative de sécession.
Pour bien souligner encore ce message, une délégation indépendantiste s'est déplacée mardi jusqu'à la prison d'Estremera pour rencontrer la presse sur un plateau battu par un vent glacial, à quelque 60 km de Madrid.
Le vice-président indépendantiste destitué Oriol Junqueras et un autre ex-ministre régional, Joaquin Forn, y sont incarcérés depuis plus d'un mois.
La délégation était attendue par une vingtaine de militants d'extrême droite criant "Puigdemont en prison" ou "séparatistes terroristes".
"Je suis là pour défendre mon pays", a dit l'un d'entre eux, Antonio Fuentes, un Andalou de 56 ans agitant un drapeau espagnol et armé d'un haut-parleur diffusant des chants patriotiques.
"Comme ces messieurs indépendantistes sont là pour protester contre l'application de la loi, moi je viens dire qu'elle doit être appliquée".
"Nous sommes là pour dénoncer l'injustice absolue que représente le fait d'avoir des personnes innocentes en prison (...) en raison de leurs idées pacifiques, représentant le point de vue de la plupart des citoyens de Catalogne", a affirmé pour sa part le député catalan Antoni Castella, membre du parti PDECat du président destitué Carles Puigdemont.
Bain de foule
Pendant ce temps M. Puigdemont, exilé à Bruxelles, préparait un "méga-meeting" de milliers de partisans dans une centaine de villes, qui pourront l'écouter grâce à une liaison video.
Pour revenir au pouvoir, il a formé sa propre liste "Ensemble pour la Catalogne" et dit défendre la "dignité" des Catalans contre les "humiliations" de Madrid.
La bataille pour la première place oppose selon les sondages le parti ERC d'Oriol Junqueras, et Ciudadanos, la principale formation d'opposition aux indépendantistes.
"Cela peut se jouer à quelques voix près", a reconnu mardi la dirigeante de Ciudadanos en Catalogne, Inès Arrimadas, à la chaîne La Sexta.
"C'est pour ça que je demande que personne ne reste à la maison... pour en finir avec le cauchemar du processus indépendantiste et ouvrir une nouvelle étape de réconciliation et de +seny+", le bon sens catalan.
Lors des dernières élections régionales en 2015, les indépendantistes avaient obtenu 47,8% des suffrages.
Les formations opposées à la rupture avaient recueilli plus de voix, mais les séparatistes avaient obtenu la majorité des sièges au Parlement, 72 sur 135.
Ils ont ensuite suivi une "feuille de route" pour à mener la région vers l'indépendance, ignorant toutes les décisions de justice et organisant le 1er octobre un référendum d'autodétermination interdit par la cour constitutionnelle, émaillé de violences policières.
Après des semaines de tensions et de vive inquiétude en Europe face à cette fièvre sécessionniste, et alors que les entreprises par centaines déménageaient leur siège social hors de Catalogne, ils ont finalement déclaré l'indépendance le 27 octobre.
Le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy a répondu en plaçant la région sous tutelle, destituant l'exécutif séparatiste et dissolvant le parlement pour convoquer de nouvelles élections.
M. Rajoy était mardi à Barcelone, où il a pour la première fois pris des bains de foule, encouragé par des électeurs favorables à l'unité décomplexés.
Au petit matin, il a diffusé une vidéo de lui en short faisant de la marche rapide le long du port.
"Cette élection permettra de décider si nous revenons à une situation normale, à la Constitution, à ce qui est raisonnable et censé", a-t-il dit lors d'un meeting.
Pourtant son parti, impopulaire en Catalogne, perd encore du terrain et pourrait même arriver dernier après la petite formation séparatiste d'extrême gauche CUP (Candidature d'unité populaire).
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