Le vote unanime de quatorze des quinze membres du Conseil de sécurité, dont la Russie, la Chine, la France et le Royaume-Uni --les deux plus proches alliés européens des Etats-Unis--, a été vivement dénoncé par l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley.
C'"est une insulte et un camouflet que nous n'oublierons pas", a lancé la diplomate, le regard noir.
Nikki Haley n'a pas précisé si les Etats-Unis pourraient prendre des mesures de rétorsion contre les pays ayant voté le texte ou accentuer leur volonté de moins participer au financement de l'ONU dont ils sont les premiers contributeurs.
Présenté par l'Egypte, qui a dénoncé les "graves répercussions" de la décision américaine, le texte réclamait que la décision annoncée il y a une dizaine de jours par le président républicain Donald Trump soit révoquée. La reconnaissance a déclenché la colère des Palestiniens, des manifestations dans le monde musulman et une réprobation quasi unanime de la communauté internationale.
Le statut de Jérusalem "doit être résolu par la négociation", soulignait le texte, évoquant de "profonds regrets concernant les récentes décisions sur Jérusalem", sans toutefois mentionner les Etats-Unis.
Il affirmait que "toute décision ou action visant à altérer le caractère, le statut ou la composition démographique" de Jérusalem "n'a pas de force légale, est nulle et non avenue et devait être révoquée".
'Bougie'
Le veto américain a été salué par Israël. "Merci madame l'ambassadrice Haley" et "président Trump", "vous avez allumé une bougie de vérité", "dissipé les ténèbres", a réagi sur Twitter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Pendant une semaine, la rédaction du texte a donné lieu à d'intenses négociations, parfois lors de réceptions ou au bar de l'ONU, entre la représentation diplomatique palestinienne, ayant rang d'observateur, et plusieurs pays arabes ou européens.
L'objectif était vraiment "d'avoir quatorze votes pour" face aux Etats-Unis, ont expliqué à l'AFP des diplomates. Pour cela, certaines ardeurs des Palestiniens à un premier texte plus fort et datant du 11 décembre, qui citait nommément les Etats-Unis, avaient dû être réfrénées.
Avec ce processus, même sanctionné au final par un veto, il s'agissait aussi de faire pression sur l'administration américaine et ses futures discussions avec les deux parties afin que les droits des Palestiniens soient davantage pris en compte, selon les mêmes sources. Il fallait enfin souligner que les Etats-Unis bafouaient une série de résolutions sur le conflit au Proche-Orient.
Avant le vote, Nikki Haley avait accusé les Nations unies d'avoir fait "obstacle" à la recherche d'un accord de paix. L'ONU "s'est placée entre les deux parties" et "a rejeté la faute sur les Israéliens". "Israël a fait l'objet d'un parti pris aux Nations unies", a insisté la diplomate en assurant que Washington continuait à chercher "un accord de paix durable" au Proche-Orient.
Le 8 décembre, deux jours après l'annonce américaine sur Jérusalem, le Conseil de sécurité avait déjà montré l'isolement des Etats-Unis lors d'une réunion convoquée en urgence. Tous leurs partenaires avaient critiqué la reconnaissance américaine avec plus ou moins de vigueur.
Après le vote lundi, les Palestiniens ont annoncé leur volonté de demander un autre scrutin à l'Assemblée générale de l'ONU (193 pays). A la différence du Conseil de sécurité, il n'y a pas dans cette enceinte de droit de veto et ses textes sont sans valeur contraignante.
'Clé'
Le texte soumis lundi commençait par un paragraphe rappelant dix résolutions de l'ONU adoptées entre 1967 et 2016 et affirmant que la question de Jérusalem devait faire partie d'un accord de paix final.
Celle approuvée en 1980, visant la colonisation de territoires, déclarait que "toutes les mesures et actions législatives et administratives prises par Israël, puissance occupante, qui visent à modifier le caractère et le statut de la ville sainte de Jérusalem n'ont aucune validité juridique".
Les Etats-Unis s'étaient alors abstenus, permettant son adoption.
La France et le Royaume-Uni ont rappelé lundi que Jérusalem était "une clé" pour la solution à deux Etats, israélien et palestinien, vivant en paix côte à côte.
"Sans accord sur Jérusalem, il n'y aura pas d'accord de paix", a fait valoir l'ambassadeur français, François Delattre, rappelant le "consensus international" sur "une solution à deux Etats". "Les Etats-Unis continueront à jouer un rôle extrêmement important dans la recherche de la paix au Proche-Orient", a estimé son homologue britannique, Matthew Rycroft.
Il faudrait être "fou" pour laisser les Etats-Unis jouer à nouveau les médiateurs de paix, a affirmé au contraire le président palestinien Mahmoud Abbas, qui boycottera une visite cette semaine au Proche-Orient du vice-président américain Mike Pence.
Les Palestiniens ont jugé "inacceptable" le veto américain.
Israël a annexé la partie orientale de Jérusalem, dont elle a pris le contrôle pendant la guerre de 1967, puis voté une loi faisant de la Ville sainte sa capitale "indivisible". Cette annexion n'a jamais été reconnue par la communauté internationale et les Palestiniens considèrent Jérusalem-Est comme la capitale de leur futur Etat.
A LIRE AUSSI.
Israël: le vote de l'ONU fin 2016 sur les colonies, lettre morte
Deux Palestiniens tués dans des raids israéliens, inquiétude de l'ONU
Après Paris, Israéliens et Palestiniens regardent vers les États-Unis
Jérusalem continue de mobiliser la rue et les chancelleries
Le nouvel ambassadeur américain controversé arrive en Israël
- ambassadrice américaine
- benjamin netanyahu
- chine
- décision américaine
- Donald Trump
- égypte
- Etats-Unis
- france
- françois delattre
- guerre de 1967
- israël
- jérusalem
- jérusalem-est
- Le Monde
- mahmoud abbas
- mesures de rétorsion
- mike pence
- nikki haley
- par le
- proche-orient
- royaume-uni
- russie
- statut de jérusalem
- Washington
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.