Un buste du général De Gaulle, une crèche et un cheval de bois: Les Patriotes ont élu domicile aux puces de Saint-Ouen (nord de Paris) dans un local du "roi des forains" Marcel Campion pour y défendre l'idée d'une "France libre".
"Suivre ses idées, c'est toujours plus risqué, moins confortable que d'être dans la politique alimentaire" des mandats, admet le député européen âgé de 36 ans, qui veut sortir la France de l'Union européenne ("Frexit").
Cravate rouge pour l'occasion, il coupe définitivement le cordon d'avec celle qu'il a conseillée pendant huit ans, Marine Le Pen.
Ses bagages? Une trentaine de conseillers régionaux, un député (l'ancien communiste passé un temps au FN José Evrard), deux élus, comme lui, au parlement européen, et 6.000 adhérents, dont la moitié ne sont issus d'aucun parti politique selon M. Philippot.
Ce pur produit de l'élite française (HEC, Ena) prépare aussi un livre pour 2018.
Et son parti présentera des candidats à des législatives partielles dans le Val d'Oise (fin janvier) et le Territoire de Belfort.
"Tenir la distance"
Le premier défi à relever, ce sera les élections européennes en 2019. Car "M. Philippot est parti avec un certain nombre de députés européens (Sophie Montel, Mireille d'Ornano) mais le problème c'est qu'ils sont renouvelables", note le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite.
Chez M. Philippot, on assure pourtant qu'avec le nouveau mode de scrutin par liste nationale, la barre des 5% de voix est atteignable, ce qui permettrait d'obtenir au moins 4 élus.
Ensuite "il y aura une distance à tenir dans le temps" pour les municipales de l'année suivante, prévient M. Camus.
Le politologue craint aussi qu'il n'y ait pas assez de place sur le créneau "radical-populiste". "On n'a pas d'exemple durable de deux formations concurrentes qui réussissent à se partager cette part du gâteau électoral. Assez rapidement le tri se fait".
D'ailleurs la scission de Bruno Mégret en 1998, "plus massive" que celle de Florian Philippot, s'est "soldée par un retour de quasi tout le monde au FN", rappelle M. Camus.
Mais face à son ancienne maison qui "n'a plus de boussole", l'ancien partisan de Jean-Pierre Chevènement estime être le seul souverainiste, car selon lui Marine Le Pen a "renoncé à combattre l'Union européenne", tout comme le parti autrichien d'extrême droite FPÖ, dont l'entrée au gouvernement "ne changera rien".
Sur l'immigration, il relève "beaucoup de discours de fermeté" du gouvernement d'Edouard Philippe "mais pas beaucoup de réalité" tant que la France n'aura pas retrouvé ses frontières.
"Cohérence" ou "contorsions"
M. Camus voit dans l'antienne anti-UE de M. Philippot davantage de "cohérence idéologique" qu'au FN, où la direction s'en remet aux militants pour décider si la sortie de l'euro doit rester une priorité avant le congrès de mars.
Mais un cadre du FN reproche à l'eurodéputé de n'avoir "pas voulu assumer l'échec de la présidentielle", où sa proposition de sortie de l'euro n'a pas convaincu.
Accusant le FN de se "droitiser", Florian Philippot se veut à la tête d'une formation "plus rassembleuse", au-dessus du clivage droite-gauche, et ne croit pas à une alliance avec "l'européiste" Laurent Wauquiez, nouveau chef des Républicains.
Il s'est rendu le 9 décembre sur la tombe de l'ancien président socialiste François Mitterrand à Jarnac (Charente) pour un "hommage républicain".
Cela a été critiqué par le nouveau numéro deux du FN et ancien mégrétiste Nicolas Bay, qui y a vu des "contorsions" idéologiques. "Je croyais que Florian Philippot était un souverainiste intégriste, qu'il aurait la dent plus dure contre celui qui a fait ratifier le traité de Maastricht".
La dent dure, Florian Philippot l'a surtout pour Marine: au FN, c'est devenu un "film d'horreur" où il y a toujours une "écervelée qui se prend un coup de hache", ironise-t-il dans une vidéo.
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