Dix-neuf personnes dont onze enfants, Soudanais et Centrafricains, sont arrivés peu après 06H00 à Roissy en provenance de N'Djamena où ils attendaient leur transfert, depuis que l'Ofpra (Office français de protection des réfugiés et apatrides) est venu en novembre entendre leurs récits.
Dans le salon privé où il sont reçus, les réfugiés - dont une majorité d'enfants - reprennent des forces autour de petits-déjeuners, un peu impressionnés par l'aréopage d'officiels venus les accueillir.
"Mon pays c'est la Centrafrique, c'est la guerre, je ne veux plus y retourner", explique en français Korba, une mère de quatre enfants. "Je suis très contente, surtout pour eux", ajoute-t-elle, en montrant sa petite Anna, 11 ans, occupée à tremper un croissant dans un gobelet de chocolat au lait.
Dans le camp de réfugiés où elle a passé quatre ans avec son mari "ils ont appris à lire, à compter, mais le niveau n'était pas bon", ajoute la jeune femme, souriante malgré la nuit sans sommeil, et soucieuse de trouver un téléphone pour rassurer les connaissances laissées au Tchad, dont les numéros s'alignent dans un cahier minutieusement calligraphié.
La première étape de leur nouvelle vie commence autour de petites tables, lorsque l'Ofpra leur remet le titre attestant leur statut de réfugié, donnant droit à un titre de séjour de dix ans.
Il y a une dimension très symbolique dans ce comité d'accueil et les réfugiés l'ont bien senti. Ils ont mandaté Korba pour "remercier au nom de nous tous le président Macron" et lui demander de "continuer, parce qu'il y a des familles qui sont là-bas".
"On n'a plus de famille, notre famille, maintenant c'est vous", explique Djamel, son mari, qui n'a "aucune idée de l'endroit où il va" - il devine juste, à la doudoune qu'on lui a fournie au départ, qu'"il fait froid".
"Sas d'adaptation"
C'est à Thal-Marmoutier, dans le Bas-Rhin, que les réfugiés vont commencer leur nouvelle vie, dans un ancien couvent occupé par une poignée de religieuses âgées.
"Ils y resteront quatre mois avant d'être orientés vers des logements durables", explique Julie Bouaziz, adjointe à l'asile à la DGEF (Direction générale des étrangers en France).
Ce "sas" leur donnera "un temps d'adaptation à la vie occidentale" - nécessaire, et pas seulement pour passer d'une température de 38 à 4°C - et leur permettra de commencer à s'insérer, d'engager les premières démarches... Un dispositif novateur, qui sera appliqué à l'ensemble des 3.000 réfugiés attendus depuis l'Afrique d'ici 2019.
Première vague de ce dispositif, 56 réfugiés arriveront d'ici à mercredi: après les 19 de ce lundi, il y aura mardi 25 exfiltrés de Libye qui vivaient au Niger, et mercredi 12 personnes venant du Tchad.
Tous "ont été identifiées par le HCR" (Haut commissariat aux réfugiés des Nations Unies) et "nous avons ensuite vérifié qu'ils étaient éligibles au statut de réfugié en France, qu'ils avaient un lien avec la migration et une certaine vulnérabilité", indique Mourad Derbak, chef de la division Europe à l'Ofpra.
L'idée de ce programme est "d'empêcher que des personnes ne se mettent en danger en prenant la mer à partir de la Libye notamment", ajoute-t-il.
Mais il y a aussi, dans ce dispositif dont le nombre peut sembler dérisoire au regard du total des réfugiés en attente, un geste envers les indispensables pays de transit que sont le Tchad et le Niger.
"Les pays qui accueillent veulent être assurés qu'il y a une suite à leur engagement, et qu'ils ne deviendront pas des points de fixation", souligne Ralf Gruenert, représentant du HCR en France.
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