Cela faisait quatre jours que le public tricolore se languissait et attendait en vain une victoire de ses héros. Sa patience a été récompensée et La Marseillaise a fini par retentir dans la station de Haute-Savoie grâce aux deux leaders bleus, faisant vibrer les 16.000 spectateurs présents au bord de la piste.
A un mois et demi des jeux Olympiques (9-25 février à Pyeongchang), il aurait été dommageable que la France, devenue l'une des nations-phares de la discipline, ne parvienne pas, à domicile, à porter au moins une fois l'un des siens sur la plus haute marche du podium. L'anomalie a été réparée de manière magistrale par deux biathlètes qui seront forcément les têtes d'affiche des Bleus en Corée du Sud.
Le ton de la journée a été donné par Justine Braisaz, qui a décroché le premier succès de sa jeune carrière, confirmant à 21 ans son énorme potentiel. Sa victoire a sonné comme une évidence tant elle a survolé les débats, ne commettant qu'une faute au tir, tout en faisant parler sa puissance habituelle sur les skis pour devancer la Bélarusse Iryna Kryuko et l'Allemande Laura Dahlmeier, tenante du Gros Globe de cristal et vainqueur la veille de la poursuite.
Tournant
Braisaz tournait autour de son premier succès depuis un moment, elle qui avait fini 2e du sprint et de la poursuite d'Ostersund, en ouverture de la saison, et avait même étrenné durant deux courses le dossard jaune de leader du classement général de la Coupe du monde, désormais porté par la Slovaque Anastasia Kuzmina, 4e dimanche.
La fille d'agriculteurs des Saisies, celle qui amène "un petit grain de folie" dans le groupe France, dixit Anaïs Bescond, n'a cette fois pas laissé passer l'occasion de monter enfin au sommet de la "boîte". Alors que les Bleues se cherchent une patronne depuis la baisse de régime de Marie Dorin, Braisaz a montré qu'elle avait l'étoffe pour prendre le leadership français.
"C'était une formidable semaine pour se préparer pour les prochains évènements", a-t-elle lancé après avoir franchi la ligne d'arrivée un drapeau bleu-blanc-rouge à la main. "C'est spécial de courir à la maison, c'était la première fois. On ne me l'enlèvera pas celle-là, je m'en rappellerai. C'est fantastique ce qui vient de se passer. C'est une très belle journée".
Braisaz l'a elle-même reconnu: ce qui s'est passé au "Grand-Bo" est sans doute un tournant dans sa jeune carrière. Mais elle ne se sent pas "tirée d'affaire" pour autant.
'Une course contre moi-même'
"J'ai encore besoin d'énormément travailler et d'engranger de la confiance parce que l'hiver est long", a-t-elle expliqué.
Après l'exploit de Braisaz, Martin Fourcade pouvait difficilement se manquer et repartir bredouille du Grand-Bornand, sous peine d'alimenter quelques doutes.
Malmené depuis le début de la saison par son grand rival norvégien Johannes Boe, vainqueur de cinq épreuves dont deux en Haute-Savoie, le Français jouait gros sur le plan mental, même si les JO restent l'objectif N.1 de sa saison.
Mais le sextuple tenant de la Coupe du monde a rétabli quelque peu la balance avec un magnifique 20/20 au tir, un domaine dans lequel Boe a fini par faillir (2 fautes). Voilà Fourcade relancé avec ce 2e succès en 2017-2018, son 65e en carrière, qui lui permet de prendre un peu d'air en tête du classement général malgré un écart toujours infime avec Boe (20 points).
Le poing serré de Fourcade après son dernier tir en disait d'ailleurs très long sur son soulagement.
"Ce n'était pas une course contre Johannes mais une course contre moi-même et avec le public, a résumé le double champion olympique. Il a fallu se battre contre des pensées, arriver à appliquer des choses très fines techniquement et être très fort mentalement. J'avais une grosse envie et de la hargne". De celles qui vous font renverser des montagnes.
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