Les records sont faits pour être battus, peut-on entendre dans le monde sportif. Oui mais certains paraissent clairement inaccessibles tant la performance est exceptionnelle.
C'est exactement dans ce cadre que se situe le record du tour du globe que s'était approprié Thomas Coville (Sodebo Ultim') il y a un an. Le 25 décembre 2016, il bouclait son tour en 49 jours et 3 heures, soit 8 jours de moins que le record en cours à l'époque, détenu par Francis Joyon (Idec) en 57 jours et inamovible depuis 8 ans, malgré les 4 tentatives de Coville.
La 5e sera la bonne au terme d'une circumnavigation rude mais avec de très bonnes conditions météo, et notamment un océan indien hallucinant et une remontée de l'atlantique impressionnante. L'exploit était sensationnel. Personne, et surtout pas Coville, n'imaginait que le chrono ne durerait pas.
Bateau plus rapide
Mais voilà, le 17 décembre, Gabart (Macif) met une raclée de 6 jours au record (42 j 16 h), à sa première tentative et pour son premier tour du monde en multicoque.
"Moi aussi j'avais dit qu'il faudrait attendre longtemps pour voir tomber le record", reconnaît auprès de l'AFP l'illustre navigateur Michel Desjoyeaux.
"Ce qui est sûr, c'est que François a un bateau plus rapide que celui de Thomas. A conditions météo égales ou à enchaînement météo égal, c'est normal qu'il aille plus vite", souligne-t-il.
Effectivement quand Coville naviguait sur un bateau lourd revisité mais vieux de 10 ans, Gabart, lui, vogue sur un maxi-trimaran de nouvelle génération, léger donc plus rapide et capable dans certaines conditions de voler, grâce à des foils (appendices qui permettent au bateau de s'élever au dessus de l'eau pour filer).
Ajouté à cela, une navigation à sec, complètement révolutionnaire grâce à un cockpit entièrement fermé dans lequel Gabart pilote sa machine sans jamais prendre de giclées d'eau.
"C'est sûr et certain que cette espèce de petit cocon est un élément primordial de la performance. Pas de vent dans la gueule, pas d'eau, il est dans une sorte de bulle qui l'empêche d'avoir peur, les sensations ressenties sont moins impressionnantes que quand on met la tête dehors. Cette zone de vie joue un rôle hyper important", explique l'ingénieur Guillaume Combescure, en charge de la performance dans la team de Gabart.
'Le multi dans la peau'
Mais pour Desjoyeaux, la question n'est pas de savoir pourquoi le record est tombé si vite mais "comment François arrive dès son premier tour du monde à ce niveau-là quand Thomas a mis 15 ans à percer".
"Et là, tu reviens au principe de base: d'où tu viens, qui tu es et par ou tu es passé. François a fait une partie de sa vie en monocoque et ce n'est pas son truc, c'était un chemin. C'est quelqu'un de fondamentalement à l'aise sur un multicoque, qui n'a pas peur d'aller vite, qui n'a pas peur de lever la coque et il maitrise ça très bien", développe Desjoyeaux.
"Et sur un bateau comme le sien, pour faire ce qu'il sort, soit t'as 15 ans de métier soit t'as le multi dans la peau et François, il a le multi dans la peau. Et en plus comme il a un bateau performant et qu'il sait s'en servir, ça donne la copie."
Personne ne se risque à donner une échéance au record de Gabart car le marin de 34 ans vient de rappeler que rien n'est impossible.
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