La bataille oppose le vice-président Cyril Ramaphosa, ancien syndicaliste reconverti en richissime homme d'affaires, à la candidate de M. Zuma, son ex-épouse et ancienne patronne de l'Union africaine (UA), Nkosazana Dlamini Zuma.
Dans la foulée d'une campagne indécise et tendue, les opérations de vote ont débuté à Johannesburg avec beaucoup du retard, engluées dans les contestations.
Le verdict du scrutin pourrait tomber au mieux dimanche soir ou lundi matin, a anticipé le porte-parole du parti Zizi Kodwa.
"Nous sommes encore en train de vérifier les accréditations des délégués", a-t-il dit à la presse, "il est difficile de dire quand le vote aura lieu ou quand les résultats seront proclamés tant que nous n'avons pas réglé ce problème".
Plus de 5.200 délégués issus de toutes les sections locales et branches du parti doivent participer à ce vote à bulletins secrets.
Le vainqueur de ce duel au couteau à de bonnes chances de devenir le prochain président du pays en 2019, à la fin du deuxième quinquennat de Jacob Zuma.
Mais, ainsi que l'a reconnu lui-même samedi le chef de l'Etat en ouvrant la réunion, le parti de l'icône Nelson Mandela a vu son étoile sérieusement pâlir depuis sa large victoire lors premières élections libres de l'histoire du pays.
'Frustration'
"Notre échec à régler les problèmes a commencé à peser sur notre mouvement", a concédé M. Zuma dans son discours d'adieu de chef du parti, citant "la corruption, la criminalité et l'emploi".
Affaibli par la crise économique et les accusations de corruption qui visent Jacob Zuma, l'ANC a subi un sérieux revers aux élections locales de 2016 en cédant à l'opposition le contrôle de villes de premier plan comme Johannesburg et Pretoria.
Et de nombreux analystes lui prédisent déjà une défaite historique et la perte de sa majorité absolue aux élections générales de 2019.
"Notre peuple est frustré quand nous perdons du temps à nous quereller entre nous plutôt que de résoudre les défis quotidiens auxquels il est confronté", a déploré M. Zuma samedi.
Conscient des fractures qui minent son mouvement, le chef de l'Etat a appelé samedi les candidats à l'unité du parti. "Ils ont accepté de respecter les résultats", a-t-il insisté, "je veux que chacun d'eux garde bien ça en tête".
Rien n'est mois sûr, car la rivalité entre les camps des deux favoris semble à son comble et menace de faire éclater l'ANC.
Soutenu par l'aile modéré du parti, très apprécié des marchés, Cyril Ramaphosa, 65 ans, a promis de relancer l'économie et violemment dénoncé la corruption du clan Zuma.
"Nous défendonc Cyril pour qu'il nettoie l'ANC (...) et le pays de la corruption et pour qu'il travaille pour les plus pauvres", a résumé à l'AFP une déléguée, Natalie Gillion.
'Unité'
Il a reçu samedi un soutien de poids, celui de la présidente du Parlement Baleka Mbete. "Nous soutenons officiellement Cyril", a-t-elle annoncé samedi soir à la presse.
Face à lui, Nkosazana Dlamini Zuma, 68 ans, a repris le discours de son ex-époux, sur la redistribution des richesses au profit de la majorité noire, dont une large partie continue à vivre dans la pauvreté un quart de siècle après la chute de l'apartheid.
"Nous soutenons la camarade Nkosazana Zuma parce que je trouve qu'elle défend, qu'elle parle beaucoup de la transformation radicale de l'économie", a déclaré à l'AFP le chef de la Ligue des jeunes de l'ANC, Collen Maine.
Ses adversaires reprochent à Mme Dlamini Zuma de n'être qu'une marionnette de son "ex" et de lui avoir promis l'immunité judiciaire pour les scandales dans lesquels il est impliqué.
M. Ramaphosa a pris un petit avantage sur sa rivale en la devançant d'une petite longueur dans la course aux nominations par les sections locales du parti.
Mais la liberté totale de vote accordée aux délégués présent à la conférence peut aisément le remettre en cause.
"Il est impossible de faire un pronostic car cela va se jouer à peu de choses", a commenté à l'AFP l'analyste Aubrey Matshiqi.
"Un résultat très serré pourrait provoquer une rupture ou, pire, bloquer la conférence", a-t-elle ajouté, "ce serait un désastre pour l'ANC parce qu'au lieu de préparer les élections de 2019, il serait obligé de gérer l'impact d'un tel effondrement".
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