Le premier tour du 19 novembre, riche en surprises, a secoué l'échiquier politique chilien. Donné archi-favori, Piñera, l'ex-chef d'Etat (2010-2014) de droite et milliardaire, est finalement arrivé en tête, mais avec un score bien moindre que prévu (36,6%), devant le journaliste Guillier (22%).
Autre fait marquant, la performance (20%) de la candidate d'extrême gauche Beatriz Sanchez, 46 ans, véritable surprise de ce scrutin. Sa formation, le Frente Amplio, une coalition formée par d'anciens dirigeants de manifestations étudiantes, est ainsi devenue la troisième force politique du pays.
Le scrutin de dimanche, où 13,4 millions de Chiliens sont appelés à voter, est "des plus incertains depuis le retour de la démocratie", souligne le directeur du Centre d'analyse de l'université de Talca, Mauricio Morales.
Après l'échec retentissant des instituts de sondages, dont certains donnaient gagnant Sebastian Piñera et accusés d'avoir sous-évalué Beatriz Sanchez, les Chiliens "ne disposent pratiquement pas d'information crédible ou fiable permettant de prédire un résultat" au deuxième tour, ajoute-t-il.
La dernière enquête date du 1er décembre: elle donnait les deux adversaires à égalité et 21,4% des électeurs qui ne savaient pas pour qui voter.
"L'élection va être très disputée", abonde René Jara, analyste de l'université de Santiago pour qui la présidence devrait se joueur à moins de 100.000 voix.
- 'Alliances' -
La victoire de la droite ou de la gauche dimanche pourrait en revanche dépendre du choix des électeurs de Mme Sanchez, qui n'ont pas reçu de consigne de vote de leur championne. Celle-ci a néanmoins confié qu'elle voterait pour Guillier, 64 ans. Les six candidats de gauche au premier tour avaient totalisé 55% des voix.
Piñera, 68 ans, a lui reçu le soutient du candidat de l'extrême droite Jose Antonio Kast, qui a remporté 7,9% des voix en revendiquant l'héritage du dictateur Augusto Pinochet (1973-1990).
"L'élection va dépendre de la quantité de personnes qui iront voter", juge Rodrigo Osorio, politologue de l'université de Santiago. "Plus la participation sera importante, plus Guillier aura des chances de gagner", ajoute-t-il, rappelant qu'elle avait été de 46,7% au premier tour.
Quel que soit le vainqueur de dimanche, il ne disposera pas de la majorité au Parlement. Les législatives du 19 novembre, pour la première fois avec un scrutin à la proportionnelle, ont laissé un paysage fragmenté dans les deux chambres.
Le futur locataire du palais de La Moneda, la résidence présidentielle, aura "besoin de nouer des alliances" avec les autres groupes parlementaires, ajoute M. Osorio, qui estime que ce sera plus facile pour le socialiste que pour le conservateur.
Celui qui succédera à Michelle Bachelet à la tête de la cinquième puissance de la région aura en revanche l'économie avec lui. Après quatre années de croissance à 1,8% en moyenne, la hausse du PIB est attendue à 2,8% en 2018, selon la Cepal, commission économique de l'ONU pour l'Amérique latine.
Après 17 années sous la dictature de Pinochet, le Chili représente depuis les années 1990 un pôle de stabilité politique et de dynamisme économique en Amérique latine.
Mais vingt-sept ans après le retour de la démocratie, il reste un pays ultra-conservateur, n'autorisant le divorce qu'en 2004 et légalisant l'avortement thérapeutique en septembre 2017.
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