Les deux hommes, en reportage au Gabon pour la chaîne National Geographic, ont été poignardés alors qu'ils faisaient des achats au "village artisanal", un lieu habituellement fréquenté par les touristes, a annoncé le ministre de la Défense à la télévision nationale, Etienne Massard.
"Selon les premiers témoignages recueillis sur place, l'auteur de l'agression, un Nigérien de 53 ans, aurait commis son acte en criant Allah Akbar (Dieu est le plus grand). Il a été interpellé sur le champ", a expliqué M. Massard.
"Résidant habituellement au Gabon depuis 19 ans", l'assaillant, "dans ses premières déclarations, a dit avoir agi en représailles aux attaques des Etats-Unis contre les musulmans et à la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale de l'Etat d'Israël".
Les deux victimes ont été hospitalisées dans une clinique de Libreville et l'un d'eux est dans un état grave et en soins intensifs, a précisé à l'AFP le porte-parole du gouvernement et ministre de la Communication, Alain-Claude Bilie-By-Nze.
"Il y aura des suites très rapidement. Nos services sont mobilisés", a-t-il assuré.
"Au regard de la gravité des faits une enquête judiciaire a été immédiatement ouverte sous la direction du parquet de Libreville" pour savoir si cette attaque "relève d'un acte isolé ou concerté", a ajouté le ministre de la Défense, qui a appelé "les populations à rester prudentes et à éviter les amalgames".
"Lâche et ignoble'
"Face à cet acte lâche, abominable et ignoble, le gouvernement tient à assurer les populations que le Gabon ne saurait être le théâtre d'agissements contraires à notre mode de vivre-ensemble et attentatoire à la paix sociale", a ajouté M. Massard.
"Tout sera mis en oeuvre pour que l'auteur et ses éventuels complices soient sanctionnés avec la dernière vigueur qu'autorise la loi", a-t-il conclu.
En début de soirée, quelques heures après les faits, le "village artisanal" était fermé dans un centre ville calme comme à l'ordinaire. L'endroit accueille quotidiennement des dizaines d'Occidentaux, pour la plupart des touristes de passage au Gabon. On y trouve souvenirs africains, statuettes, objets divers et autres colifichets, dans des échoppes tenues essentiellement par des ressortissants d'Afrique de l'Ouest.
Petit pays francophone d'Afrique centrale avec une population d'environ 1,8 million d'habitants, le Gabon n'avait encore jamais connu ce genre d'attaque jihadiste dirigée contre des Occidentaux, nombreux à vivre sur place.
Les derniers attentats du genre avaient eu lieu en Côte d'Ivoire ou au Burkina Faso, en Afrique de l'Ouest. Au Cameroun voisin du Gabon, des attaques des islamistes de Boko Haram sont restées cantonnées à l'extrême nord frontalier du Nigeria.
Au Gabon, ancienne colonie française, les Français, près de 10.000, constituent l'essentiel de la communauté expatriée occidentale. Ils fréquentent avec les Gabonais de la classe moyenne et aisés supermarchés, restaurants et discothèques dans de nombreux quartiers animés de la capitale Libreville, où l'insécurité est faible.
De nombreux migrants originaires des pays voisins ou d'Afrique de l'Ouest vivent au Gabon, pays pétrolier relativement prospère dont les richesses attirent dans la région. Beaucoup de ces migrants sont de confession musulmane: Nigérians, Maliens, Sénégalais, Guinéens ou encore Mauritaniens.... ils vivent souvent au quotidien de petits boulots, comme main d'oeuvre peu qualifiée, chauffeurs de taxis et boutiquiers dans les quartiers.
La coexistence avec les Gabonais se passe au quotidien relativement bien mais la présence de ces nombreux migrants suscite parfois l'hostilité alors que la question migratoire reste très sensible politiquement et que de nombreux clandestins sont installés dans le pays.
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