La décision des dirigeants européens d'approuver vendredi l'ouverture d'une nouvelle phase de négociations avec le Royaume-Uni incluant la future relation commerciale était indispensable à Theresa May pour se maintenir à la tête du gouvernement.
Depuis qu'elle a perdu sa majorité absolue au Parlement aux législatives anticipées de juin dernier, son autorité est contestée.
Mais l'accord obtenu à Bruxelles, "un pas important sur le chemin du Brexit" selon elle, a été salué pour une fois par l'ensemble de son parti, pourtant divisé sur le divorce avec l'UE entre partisans d'une coupure radicale et ceux d'une sortie en douceur.
Malgré ces divisions, et les démissions en novembre de deux membres du gouvernement impliqués dans des scandales, la Première ministre a tenu bon, et parvient ainsi à préserver sa popularité.
Selon un sondage YouGov publié cette semaine par le Times, les Tories ont un point d'avance sur le Labour, parti d'opposition travailliste, avec 42% d'opinions favorables.
Theresa May est même parvenue à convaincre son petit allié gouvernemental nord-irlandais DUP de rallier l'accord. Inquiet des dispositions sur la frontière irlandaise, le parti unioniste s'était opposé à une première version du texte début décembre.
questions épineuses
Mais mercredi, une défaite lors d'un vote au parlement sur un amendement lié au Brexit a rappelé à Theresa May l'étroitesse de sa marge de manœuvre: onze députés conservateurs ont voté avec l'opposition pour exiger que le Parlement obtienne un vote final sur les termes du divorce.
Et la cheffe du gouvernement devra sans doute accepter un compromis avec son parti pour éviter un nouveau camouflet la semaine prochaine, lors du vote du texte fixant la date du Brexit, très contesté chez les Tories.
Trois députés issus du Parti conservateur ont ouvert la voie à un tel compromis en déposant un amendement au projet de loi qui maintient la date du 29 mars 2019, mais permettrait de la modifier au cas où les discussions avec les 27 devaient se poursuivre au delà de cette échéance.
Par ailleurs, certaines questions épineuses n'ont pas encore été résolues. L'exécutif doit notamment définir clairement la future relation qu'il veut avoir avec le reste de l'UE, un sujet qu'il devrait aborder dès la semaine prochaine.
"Le gouvernement n'a pas encore arrêté ses exigences, et cela ne va pas être simple", estime Charles Grant, le directeur du centre de recherche Centre for European Reform (CER). "Quelles que soient ses demandes, l'Union Européenne va se montrer coriace", explique-t-il à l'AFP, en prédisant "une crise importante".
Mais les 27 ont aussi intérêt à privilégier la stabilité politique au Royaume-Uni et Theresa May a su jusqu'ici conserver l'équilibre entre les différents courants du Parti conservateur et les attentes de Bruxelles.
"Les dirigeants européens reconnaissent qu'elle est la moins pire option - s'il devait y avoir un changement de Premier ministre, il n'ont aucune idée de qui pourrait lui succéder", analyse Tim Bale, professeur de sciences politiques à la Queen Mary University de Londres.
Sa position pragmatique plutôt qu'idéaliste sur la sortie de l'UE fait d'elle "la seule possibilité au sein d'un Parti conservateur coupé en deux sur la question du Brexit", estime-t-il.
Quelle relation future ?
Mais sa position sera de plus en plus difficile à tenir à mesure que s'approchera la date fatidique 29 Mars 2019.
"Il va falloir prendre des décisions pendant cette période, et ça ne va pas faire que des heureux", prévient Tim Bale.
Theresa May veut forger "un nouveau partenariat étroit et spécial" avec l'UE, avec un minimum d'obstacles au commerce.
Cette nouvelle relation pourrait ressembler à l'accord commercial récemment signé entre l'UE et le Canada, ou à celle entretenue par la Norvège, membre du marché unique sans faire partie des 27. Quelle que soit l'option retenue, elle provoquera la colère d'une partie des Tories.
Face à cette perspective, certains députés de l'opposition ne cachent pas leur inquiétude. "Le compte à rebours est enclenché, et nous sommes toujours loin d'un accord", a mis en garde Chuka Umunna, ténor du Parti travailliste opposé au Brexit.
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