A bicyclette, en trottinette ou en autobus comme celui coupé en deux jeudi après-midi par un TER sur un passage à niveau, les collégiens sont entrés comme tous les jours vers 08H00 dans l'établissement de ce gros village des Pyrénées-Orientales, situé à une vingtaine de kilomètres de Perpignan. Certains sont accompagnés par leurs parents, pour les aider à tenir le choc.
Leurs enseignants étaient arrivés à partir de 07H00 pour être préparés à accueillir les adolescents, grâce à une cellule médico-psychologique d'une soixantaine de personnes venues de toute la région et composée de psychologues, d'infirmières et d'assistantes sociales.
Habillée de noir, en hommage aux victimes de l'accident qui a également fait 20 blessés dont 10 en état d'urgence absolue, Lorena Garciès, élève de troisième, a tenu à venir pour ses camarades. Parmi eux figuraient sa cousine et une amie qui étaient dans le bus mais en sont quittes pour "un traumatisme" ou des "fractures".
'Dès que j'ai ouvert l'oeil, j'ai pensé à ça'
"Si j'étais restée à la maison, j'y aurais pensé. Dès que j'ai ouvert l'oeil, j'ai pensé à ça, j'ai pleuré ce matin. Je suis allée dormir à deux/trois heures du matin, je regardais les informations, je n'arrivais pas à dormir", dit-elle. "Là je veux être forte pour eux", ajoute-t-elle.
Lilou, élève de 5e dont le meilleur ami a été légèrement blessé dans l'accident, est toujours sous le choc, en pleurs, au bras de sa mère. "Je n'ai pas de mots, je ne sais pas quoi dire, je pense aux familles, à tous ces enfants, c'est trop dur", confie cette dernière, Sabrina Mesas, au bord des larmes. "C'est l'incompréhension totale encore ce matin", "c'est important qu'ils soient ensemble, qu'ils puissent parler, mettre des mots sur ce qui s'est passé", dit-elle.
Détecter les personnes fragiles
Tel est le but du rassemblement : commencer le travail de deuil, ne pas laisser les enfants seuls face au drame, "détecter aussi les gens qui sont très fragiles", dit le docteur Abdelkader Taoui, médecin de l'Education Nationale et membre de la cellule d'aide. "Rassurer, écouter, accompagner, c'est primordial", affirme-t-il.
Ce rôle incombe aussi aux enseignants, tout aussi bouleversés par l'accident et parfois démunis face à la réponse à donner à leurs élèves. "Je ne sais même pas comment je vais m'y prendre. J'essaie de tenir le coup et on verra bien", déclare Jordi Sales, professeur de catalan et d'espagnol du collège. "Ca va toucher tout le monde. C'est pas que les élèves, toute la communauté éducative va être touchée".
"Laisser les élèves parler, dire aujourd'hui ce qu'ils ont envie de dire : on sait que ces moments, maintenant mais aussi plus tard, sont importants", déclare la recteure de région Armande Le Pellec Muller.
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