Martin Garrix, Armin Van Buuren et Hardwell ont l'an passé ajouté le pays à leurs méga-tournées asiatiques.
Une découverte pour la Birmanie, qui a vécu isolée pendant des décennies à l'époque de la junte: ultra-paranoïaque, celle-ci considérait la modernité et les communications avec l'extérieur comme une menace pour son pouvoir.
La situation a changé depuis l'arrivée en 2011 d'un gouvernement semi-civil et le changement des moeurs. Rangoun se dotant de plus en plus de bars et de clubs, la musique électronique a soudain fait une entrée fracassante.
Khin Wint War Myint, 21 ans, est vêtue d'un short court et d'un maquillage étincelant argenté. Sa tenue contraste avec celle de la grande majorité des femmes en Birmanie, qui reste un pays très conservateur.
"Je porte des vêtements traditionnels dans ma vie de tous les jours, cette tenue est réservée aux événements électro", explique-t-elle, dans un rire, lors du festival 808.
Hypnotisés par le son des basses, les écrans et les spectacles pyrotechniques, ils étaient 12.000 fans souvent les cheveux teints, pour cet événement culturel majeur en décembre.
"Mingalabar!" ("bonjour" en birman), a lancé le DJ australien Timmy Trumpet à une foule en transe dont beaucoup de spectateurs semblaient planer.
"Si vous regardez la scène mondiale, l'Asie est la seule région où l'électro est en croissance", estime Kaung Sett, qui organise le festival 808, alors qu'"en Occident, le hip hop est en train de revenir".
Avec plus de quatre milliards d'habitants, dont une grande partie sont accros aux réseaux sociaux, et des économies nationales dont la croissance est souvent à deux chiffres, l'Asie est dans le viseur des producteurs de musique.
Selon une étude de l'International music summit (IMS) de 2017, la musique électro génère quelque 7,4 milliards de dollars (6,25 milliards d'euros) de recettes chaque année, dont environ 1 milliard de dollars en Asie-Pacifique.
La Corée reste pour l'instant le plus grand marché d'Asie mais la Chine, qui connaît une croissance exponentielle, organise de gigantesques festivals.
Talents locaux
"Les jeunes de 20 ans à Rangoun écoutent la même chose que ceux de Los Angeles", explique Kaung Sett.
Le défi pour les pays émergents est financier: les DJ stars y facturent très cher leurs prestations, comme dans les pays occidentaux, même si les billets sont vendus bien moins cher aux spectateurs qu'ailleurs.
En Birmanie, l'entrée dans un festival tourne ainsi autour de 17 dollars, soit quatre ou cinq fois moins qu'en Europe.
"Si 5.000 personnes viennent, nous ne parvenons même pas à l'équilibre (financier), alors nous poussons jusqu'à 8.000 ou 10.000... nous essayons différentes stratégies commerciales pour attirer de plus en plus de gens", explique Kaung Sett.
Les partenariats viennent combler le manque à gagner: le festival 808 de Rangoun est ainsi sponsorisé par le groupe Myanmar beer.
Et dans le même temps, les producteurs mettent en avant les groupes locaux, rémunérés à un niveau bien moindre et qui font le lien avec la culture locale.
"Je suis très confiant" quant au fait que les talents locaux "vont percer", explique Si Thu Tun du collectif de producteurs Zeekwat. Ce ne sont pas seulement des DJs "unidimensionnels, beaucoup se considèrent comme le fruit d'un mélange" artistique entre les métiers de "producteur, photographe, vidéaste, graphiste et créateur de contenus".
Les M-invaders, un collectif de DJ birmans, a notamment réussi à se faire un nom sur la scène birmane et rêve maintenant de s'exporter.
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