Valentin Pasgrimaud et Arnö Wögerbauer sont les auteurs de cette pièce originale présentée au Théâtre Charles Dullin au Grand-Quevilly (Seine-Maritime), le jeudi 21 décembre 2017. Elle nous plonge au cœur de l'Espagne fasciste, on y suit le parcours d'un homme qui se bat pour la liberté de son pays puis se trouve contraint à l'exil. Cet homme est le grand-père de Camille et Mathias, deux frères qui reconstituent son parcours. Valentin nous parle de cette pièce de théâtre d'objet.
Pourquoi la compagnie s'appelle Cie des maladroits ?
"Lorsque nous avons créé cette compagnie à Nantes en 2008 nous avons voulu faire un pied de nez à la discipline que nous pratiquions alors, le jonglage, dans lequel il faut faire preuve d'adresse, mais nous rendions aussi hommage de cette façon aux maîtres de l'humour comme Charlie Chaplin : des comiques qui élèvent la maladresse au rang d'art."
Comment vous êtes-vous orientés vers le théâtre d'objet ?
"Frères est notre 4e spectacle. Nous avons été confrontés aux limites de notre art : le jonglage. Il est difficile de raconter une histoire avec cette pratique, alors nous avons commencé à manipuler des objets du quotidien. Nous nous sommes formés avec le théâtre de cuisine, ce sont les pionniers du théâtre d'objet."
Comment appliquez-vous ces principes dans Frères ?
"Dans Frères, un spectacle qui parle de la montée du fascisme en Espagne et d'émigration, nous avons reconstitué sur scène une cuisine et les deux frères qui jouent les narrateurs se servent du sucre et du café pour figurer les différents camps. Les carrés de sucre blanc ce sont les franquistes, le sucre brun les Espagnols républicains et le café c'est la France."
Quel message voulez-vous faire passer dans Frères ?
"Évidemment cette pièce a une portée politique. Dans la Cie nous avons toujours souhaité parler du monde qui nous entoure sans forcément dénoncer. Nous cherchons plutôt à pointer son absurdité et inciter le spectateur à se poser des questions. Quand nous avions écrit Frères, la migration des populations syriennes n'était pas encore d'actualité. Aujourd'hui même si ce n'était pas notre intention de départ, Frères résonne avec ce sujet."
Quelle est la part documentaire et la part de fiction dans Frères ?
"C'est du théâtre documenté mais c'est de la fiction. Nous nous sommes inspirés de l'histoire du grand-père d'Arno engagé contre Franco et finalement exilé en France. Mais nous avons recréé ce protagoniste pour que son histoire nous appartienne à tous les deux, pour créer une distance. Autour de lui toute une galerie de personnages est sortie de notre imaginaire, mais pour écrire ce spectacle nous avons dû faire de longues recherches sur le sujet pour s'accorder également avec la grande histoire."
Comment organisez-vous la narration ?
"Il ne s'agit pas seulement d'une narration mais d'un va-et-vient constant entre le passé et le présent. Nos personnages, Camille et Mathias s'adressent directement aux spectateurs : ils leur annoncent qu'ils se préparent à raconter une histoire. Camille et Mathias ressuscitent chacun à leur façon l'histoire du grand-père, ils se la réapproprient et cette histoire trouve un écho différent en chacun d'eux. Puis grâce à la manipulation d'objets ils se plongent dans le passé. Les narrateurs interprètent les différents personnages de l'histoire, ils deviennent aussi les acteurs de cette histoire."
Pratique. Jeudi 21 décembre à 20h. Théâtre Charles Dullin au Grand-Quevilly. Tarifs 10 à 19€. Tél. 02 35 68 48 91
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