"Tout le monde est dans l'expectative", a résumé un syndicaliste du géant aéronautique à la veille de ce rendez-vous, dont l'horaire précis n'a pas été communiqué.
Mardi, plusieurs articles de presse ont évoqué le départ de l'Allemand Tom Enders et de son numéro deux français Fabrice Brégier, ce qui a alimenté l'inquiétude en interne quant à une possible déstabilisation du groupe visé par des enquêtes judiciaires.
Airbus est en effet sous le coup d'investigations du Parquet national financier (PNF) en France et du Serious fraud office (SFO) en Grande-Bretagne pour des irrégularités sur des transactions, pour des faits qu'il avait lui-même dénoncés en 2016.
Il est aussi la cible de deux autres enquêtes en Autriche et en Allemagne autour de la vente d'avions de combat Eurofighter à Vienne. En Autriche, Tom Enders figure parmi les personnes visées par l'enquête, mais de l'aveu du parquet général de Munich, la justice allemande dispose "de peu de preuves de corruption".
Le patron d'Airbus a assuré que son "mandat actuel court jusqu'en avril 2019 et c'est le calendrier sur lequel (il) travaille". Il réagissait à un article du Figaro qui, sans dévoiler la nature de sa source, assurait qu'il aurait "informé l'Élysée très récemment qu'il ne briguerait pas un troisième mandat."
Tom Enders, qui a toujours voulu tenir les Etats à l'écart des affaires du groupe, a laissé pointer son agacement en affirmant que "la décision sur (son) avenir en tant que président exécutif d'Airbus n'est prise ni par la presse française ou le gouvernement français, ni par aucun gouvernement".
A Berlin, la porte-parole du ministère de l'Economie s'est refusée à toute spéculation. "Je ne suis pas au courant d'une telle information", a déclaré Beate Baron. "Nous ne commentons pas, parce que nous ne participons pas à des spéculations de personnes", a-t-elle ajouté.
Inquiétude syndicale
Quant à un éventuel changement à la tête d'Airbus, elle a estimé que "c'est une décision du conseil d'administration et de la société".
A Paris, l'Etat reste vigilant sur les "dossiers industriels", a indiqué une source gouvernementale à l'AFP. "On ne va pas mettre tout sur la place publique, on va attendre la fin de l'instruction, mais effectivement il y a un sujet", a-t-elle fait valoir.
Les deux capitales, actionnaires du groupe à hauteur de 22%, ne sont pas directement représentées à son conseil d'administration, mais rien ne peut se faire sans leur aval.
Airbus est un géant qui emploie 134.000 personnes et représente un gros contributeur net au commerce extérieur des deux pays.
En déplacement en Asie, Fabrice Brégier s'est dit "surpris des informations rapportées par la presse sur (son) départ prochain".
En interne, on s'inquiète que ces enquêtes et une éventuelle guerre de succession au sommet ne déstabilise le groupe.
"Que l'on change de PDG, c'est une chose. Nous ce que l'on souhaite c'est que l'entreprise ne soit pas déstabilisée", a déclaré à l'AFP Jean-Marc Escourrou, secrétaire FO Airbus SAS, la branche aviation commerciale, à Toulouse.
"Avoir un départ simultané de Tom Enders et de Fabrice Brégier, c'est une situation qui nous inquiète et qui est de nature à déstabiliser la gouvernance du groupe", a renchéri Thierry Préfol, coordinateur adjoint CFE-CGC chez Airbus.
En octobre, le conseil d'administration présidé par Denis Ranque avait apporté "toute (sa) confiance" à Tom Enders pour sortir par le haut le constructeur aéronautique de la crise.
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